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coup de canon : le boulet passa par-dessus nos têtes ; à 100 toises nous en essuyâmes un autre à mitraille ; à 60 toises un troisième dont les balles emportèrent le chapeau d’un de mes soldats et cassèrent le fusil d’un autre ; 4 espingoles tiraient en même temps et la mousqueterie était vive. Nous accélérâmes notre marche, pour nous mettre à l’abri de la mousqueterie derrière la grande maison, au pied de la hauteur sur laquelle était le fort. Aucun des soldats, attentifs au commandement, n’avait encore tiré : à couvert de la maison, nous formâmes deux pelotons pour l’assaut, et j’ordonnai de commencer le feu des deux côtés de la maison. Dans ce moment, j’observai que M. de Benyowszky venait de mettre le feu à une pièce, dont le coup n’était pas parti. Nous étions si près que ce coup nous aurait tué, ou blessé la plus grande partie du détachement. Je crus l’instant décisif, j’ordonnai l’assaut et nous y montâmes. J’étais encore à quelques pas de la palissade extérieure, lorsque je vis M. de Benyowszky, armé d’un fusil, le tirer et le laisser tomber, en portant sa main gauche à sa poitrine et sa droite en avant de lui vers nous, faire ensuite quelques pas pour descendre de la batterie et tomber contre les pieux qui en soutenaient les madriers. Nous franchîmes la palissade et entrâmes dans le fort. En montant à la batterie, je passai près de M. de Benyowszky qui paraissait vouloir prononcer quelques mots inarticulés. J’avais des ordres à donner et ne pouvais m’arrêter dans ce moment. Je revins deux minutes après : il expirait. Une balle avait traversé sa poitrine de droite à gauche. Les noirs s’échappèrent par-dessus la palissade. »

Les blancs demandèrent quartier, on le leur accorda. Personne n’avait été tué, sauf le baron : les Français n’avaient eu qu’un blessé. Il y avait 8 prisonniers blancs, et, dans la matinée, les noirs amenèrent Mme d’Adelsheim et une femme portugaise de Rio-de-Janeiro. On enterra Benyowszky ; le fort et le village furent détruits ; le chef du pays promit de vivre dorénavant en bon accord avec les Français et l’expédition se rembarqua.