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ensuite avec ses deux pièces et le reste de sa troupe. Croyant qu’il trouverait de la résistance à l’ancien poste français dont il approchait, il mit les canons en batterie et continua sa marche prêt à tout événement. Mais la palissade avait été abandonnée : on y trouva encore du feu, preuve que ceux qui avaient tiré les coups de fusil y avaient passé la nuit. Les Français ne voyaient autour d’eux que la forêt impénétrable en apparence : il n’y avait ni sentier ni trace de pas. Mayeur lui-même ne connaissait pas la position exacte du fort de Benyowszky. Larcher, ne sachant de quel côté entrer dans la forêt et ne voulant pas s’y enfoncer au hasard, la fit explorer soigneusement aux abords du magasin pour trouver la voie par laquelle on devait y arriver de l’intérieur.

On reconnut enfin quelques traces de bœufs et d’hommes qui firent découvrir une route étroite percée depuis peu dans la forêt. On conjectura qu’elle devait conduire à la ville nouvelle de Benyowszky et l’on se détermina à la suivre. Restèrent au magasin le chirurgien, un caporal et 4 hommes pour garder les munitions de réserve, et assurer la communication avec le vaisseau. Il était près de 8 heures quand on s’engagea dans le chemin qui s’ouvrait à peine à travers d’épais fourrés. À cinquante pas de la lisière, on rencontra un ruisseau marécageux qu’on ne pouvait passer que sur un gros arbre jeté en travers. Il fallut porter à bras les pièces et passer successivement cinq autres ruisseaux très larges, dont les rives vaseuses présentèrent les plus grands obstacles. Heureusement tout était tranquille et l’on ne rencontra pas de résistance. Il est probable que Benyowszky ne croyait pas que ce sentier serait découvert et qu’il attendait l’attaque par la route plus praticable et plus courte qui suivait la côte. Il avait porté un poste avancé de ce côté-là et fait des abatis, mais il ne s’était pas gardé du côté du bois.

Cependant les Français arrivaient au bord d’un dernier ruisseau où l’on fut obligé de démonter les pièces pour les faire passer sur un pont à demi pourri. Ils étaient alors près de la ville : ils entendaient