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sous trente jours. Instruit de ces événements, le vicomte de Souillac s’en tint pourtant au plan qu’il avait formé d’abord, et n’agit qu’après la saison d’hivernage.

Le rapport de l’officier qu’il envoya à Madagascar, le capitaine Larcher, va nous apprendre comment, après tant de péripéties, une catastrophe vint terminer comme une tragédie la vie héroï-comique de Benyowszky. Le capitaine Larcher quitta l’île de France avec un détachement de 60 hommes du régiment de Pondichéry, sur le vaisseau particulier la Louise, le 9 mai 1786. Le 17, à 6 heures du soir, le navire mouilla devant Foulepointe d’où l’on avait pris soin, avant l’hivernage, de faire retirer les employés, les marchandises et l’artillerie. Après avoir recueilli quelques informations sur l’établissement du baron à Angontsy, le capitaine Larcher prit avec lui Mayeur, qui devait lui servir de guide et d’interprète.

Le 20, dans la nuit, la Louise leva l’ancre et alla toucher à Sainte-Marie, pour compléter ses renseignements. Là, on apprit, des chefs de l’île, que Benyowszky avait envoyé 2 blancs et quelques noirs au fond de la baie d’Antongil, non loin de Manahar, pour y exploiter une mine d’argent, mais qu’il était toujours de sa personne près d’Angontsy ; il faisait construire un village qu’il appelait la ville de Mauritanie. On ne put rien apprendre de précis sur la situation de ce village ni sur les forces du baron. On croyait qu’il avait 15 ou 16 blancs et 200 noirs armés, mais pas d’artillerie ni de fortifications ; or, cela se trouva inexact. Le 21, la Louise remit à la voile, et, le 23 à 4 heures du soir, elle entra dans la baie du cap de l’Est. Au fond de cette baie était le magasin où les Français, qui faisaient la traite, gardaient leurs marchandises. On sait que Benyowszky s’en était emparé dès son arrivée. On aperçut auprès de ce magasin un grand nombre de gens qui observaient le vaisseau ; mais on ne pouvait distinguer leur couleur.

Dès qu’on eut jeté l’ancre, Larcher fit descendre 40 hommes et