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Cependant Souillac avait envoyé à Foulepointe, dans les premiers jours de décembre, la flûte du roi l’Osterley, commandée par le chevalier de Tromelin. Or, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1785, quatre pirogues survinrent : elles portaient 6 blancs et 80 noirs armés, détachés par Benyowszky pour s’emparer de la palissade du roi. Mais, ayant reconnu un assez gros vaisseau au mouillage, ils n’osèrent pas aborder directement à la palissade et se rendirent chez Hiavy, chef de ce canton. Celui-ci leur dit qu’il ne permettrait pas que l’établissement français fût attaqué et fit prévenir le chef de traite qui en donna avis sur-le-champ à M. de Tromelin. Le chevalier débarqua immédiatement avec une partie de son équipage en armes. On fit prévenir Hiavy qui se rendit au fort avec les six envoyés de Benyowszky ; mais il exigea la promesse qu’il ne leur serait rien fait, puisqu’ils s’étaient confiés à lui.

Le chef de ces hommes se nomma : c’était un gentilhomme allemand, le baron d’Adelsheim. M. de Tromelin proposa à Hiavy de les faire tous arrêter et de les conduire à son bord, mais cela excita des murmures parmi les noirs, et Hiavy rappela qu’on lui avait promis de ne point attenter à leur liberté. M. de Tromelin, sentant qu’il pourrait y avoir péril à insister, se borna à exiger que leur pavillon à croissant blanc avec une étoile à chaque extrémité du croissant, sur champ azur, fût abattu et que leur détachement s’en retournât tout de suite à l’établissement de M. de Benyowszky, environ à 30 lieues de là. Il fut convenu qu’ils repartiraient le lendemain et cela s’exécuta sans difficulté. Hiavy, de son côté, assembla les noirs venus d’Angontsy qui étaient de sa dépendance et leur interdit, sous peine d’esclavage, de fournir désormais aucun secours aux gens du baron.

Ce dernier fit alors tenir à M. de Tromelin une copie d’une prétendue autorisation de l’empereur Joseph II qui lui permettait de coloniser Madagascar ; il adressa en même temps à Hiavy une lettre menaçante, où il déclarait qu’il serait de sa personne à Foulepointe