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dernier, le 28 décembre 1785, envoya en France une relation conforme, se félicitant de la mort de Benyowszky, en raison des dangers que sa présence pouvait courir aux comptoirs français de Madagascar. On avait cru à tort que Benyowszky était parti d’Amérique avec 5 vaisseaux armés ; des informations venues d’Angleterre avaient fait supposer qu’il avait l’agrément et arborait le pavillon de Sa Majesté britannique, et l’on s’était résigné à le laisser libre de s’établir sur la côte occidentale.

Mais M. de Souillac ne tarda pas à être détrompé ; dès le 2 janvier 1786, il rendit compte au ministre des surprenantes nouvelles qui lui parvenaient. Benyowszky n’avait point péri dans l’échauffourée du mois d’août précédent : il avait même mis en déroute ses adversaires ; et, grâce aux secours que lui avait fournis le chef Lambouin, il avait chargé sur des pirogues toutes ses marchandises, et, longeant la côte de Madagascar, il était arrivé le 12 octobre à Angontsy, un peu au nord de la baie d’Antongil.

Il trouva là trois employés attachés au comptoir, saisit les marchandises et les armes et envoya sans désemparer une troupe de noirs commandée par six de ses compagnons blancs à Foulepointe pour assaillir le poste français et s’assurer l’appui du chef Hiavy. En même temps, il se fortifiait à Angontsy et pressait ceux de ses compagnons restés chez Lambouin de lui envoyer ce qu’il y avait laissé de poudre et d’armes : pour décider le chef à les laisser partir ils devaient lui donner pour raison qu’on était en guerre avec les Français.

M. de Souillac, apprenant que Benyowszky avait pillé les marchandises de la factorerie d’Angontsy et qu’il essayait de circonvenir Hiavy, chef de Foulepointe, aurait voulu agir sans délai pour arrêter ces menées. Mais la mauvaise saison l’empêcha d’envoyer à Madagascar des hommes qui, infailliblement, y auraient péri de la fièvre. Il donna seulement l’ordre au sieur Mayeur, interprète qui résidait à Foulepointe et qui jouissait d’une grande autorité auprès des