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essayera de réaliser en 1784. D’après ce plan daté de Versailles le 6 septembre 1777, seraient donnés pour trente années consécutives au baron de Benyowszky et à la compagnie qu’il constituerait, l’île de Madagascar, les îles voisines et tous les établissements civils et militaires déjà formés avec tous les effets appartenant au roi. Le roi entretiendrait le corps des Volontaires à 600 hommes d’effectif, permettrait à tous ses sujets de s’établir dans l’île où le baron leur pourrait délivrer des concessions de terres. La Compagnie de Benyowszky aurait le monopole du commerce, sous peine de confiscation pour les contrevenants. La Compagnie aurait d’ailleurs le libre commerce, comme les autres sujets du roi, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’à la mer Rouge et jusqu’à la Chine. En cas de guerre, elle pourrait armer ses navires en course à son profit. Le roi la défendrait contre les nations étrangères, et, au bout des trente années, s’il ne prolongeait pas le privilège, serait tenu de reprendre et payer à estimation tous ses bâtiments civils, militaires, navires, comptoirs, artillerie et effets. Les marchandises importées par elle ne paieraient pas d’autres droits que celles importés par toutes autres compagnies françaises, et les bois et cordages de Madagascar ne paieraient rien. Il en serait de même du tabac.

Moyennant ces privilèges assez exorbitants, la Compagnie ne s’engageait qu’à fournir 1,200 bœufs par an au prix de 120 livres l’un, rendu à l’île de France, 1 million de livres de riz à 10 livres le cent, à exporter de France pour 300,000 livres par an et à ravitailler les vaisseaux du roi au plus juste prix.

Cependant Benyowszky avait, probablement par ses frères et par M. de Vergennes, sollicité de Marie-Thérèse le pardon des fautes qui l’avaient obligé de s’exiler en Pologne. L’ayant obtenu, au dire d’un historien hongrois, il demanda un congé et se rendit dans son pays (novembre 1777). Il écrivit de son château de Vietzka au comte de Vergennes une lettre datée du 15 janvier 1778 où il lui apprenait qu’il avait été reçu avec estime par ses compatriotes et qu’il était