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vicomte de Souillac, successeur du chevalier de la Brillane, qui lui-même avait remplacé Ternay en 1777 et qui était mort à son poste. Ces ordres arrivés le 29 juin 1779 furent immédiatement exécutés. Le 30 juillet, les soldats survivants abandonnèrent Louisbourg et la compagnie franche, réduite au nombre de 68 hommes, débarqua au Fort-Dauphin le 13 août suivant. Elle paraît y avoir été oubliée, sans doute à cause de la guerre. On voit en effet que la solde ne lui fut payée qu’en octobre 1782 pour tout le temps écoulé depuis le 1er janvier 1777. Il n’y avait plus au 1er janvier 1781 qu’un seul officier, le major Sanglier, et 48 soldats ; 20 hommes sur 68 avaient succombé depuis trois ans. En janvier 1782, ces derniers débris du corps de Benyowszky furent ramenés à l’île de France : nul vestige ne resta plus de l’établissement fondé à la baie d’Antongil.

Quant au baron, parti sans congé régulier pour la France à la fin de novembre 1776, il y arriva en avril 1777. Il ne paraît pas avoir été mal accueilli, bien qu’on fût surpris de le voir revenir : on n’avait pas encore reçu les rapports de Bellecombe, et l’on était assez bien disposé envers cet étranger, entré volontairement au service de France. On lui pardonnait ses démêlés avec l’administration des îles en raison de son ignorance de nos règlements et de nos mœurs. Il demanda la croix de Saint-Louis et le grade de brigadier qu’il déclara lui avoir été promis par de Boynes en 1773. Il présenta ses comptes et obtint avant tout examen une provision de 50,000 livres (27 juillet), le paiement de sa solde arriérée depuis le 1er janvier 1776 et 30,000 livres à valoir sur ce qui lui restait dû (5 novembre 1777), soit, 100,000 livres environ en quelques mois. Il reçut la croix de Saint-Louis (mai 1777) bien qu’il n’eût que quatre ans de grade et qu’on exigeât des colonels français dix-huit ans de service pour l’obtenir. Il s’efforça d’attirer l’attention de M. de Sartine en lui présentant un plan de colonisation de Madagascar où l’on retrouve ses rêveries et aussi ses mensonges ordinaires, mais où l’on voit la première forme de l’idée qu’il