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le 3 octobre, puisque les commissaires étaient avec lui à Louisbourg et que tous trois se sont écrit et se sont répondu mutuellement ces jours-là. Il y eut bien un cabar le 1er octobre, mais il fut tenu par les inspecteurs ; il n’y assista que sept chefs des cantons voisins. On a les noms de ces sept chefs dans le rapport de Bellecombe : celui d’Hiavy n’y est pas, ni celui de Lambouin. Qui voudra croire que le baron ait été proclamé Ampansacabé le 16 août précédent en présence de ses officiers et de ses soldats, avec leur complicité et que les commissaires n’aient pas eu le moindre soupçon d’une pareille affaire et que nul Français, nul indigène, après le départ du baron, n’ait trahi ce secret ? Les contradictions intrinsèques, l’état des tribus malgaches, les invraisemblances que nous avons relevées empêcheraient d’accepter le récit de Benyowszky, même si l’on n’avait pas la suite continue des faits dans les divers témoignages écrits laissés par de Bellecombe, par La Pérouse et par le narrateur lui-même. Il n’y a pas un mot à retenir dans ce conte fabriqué pour servir de leurre aux naïfs qui fournirent en 1785 l’argent nécessaire pour une nouvelle expédition de Madagascar. Il n’y eut pas de concert de la nation malgache, pas de cabar, pas de couronnement, pas de conseil d’État, pas de ministres et pas de roi : ç’eût été un miracle plus grand de pouvoir cacher ces choses que de les avoir faites. Non seulement, pas un des Français, officiers ou volontaires, prétendus complices, pas un des fonctionnaires de Madagascar ou des îles n’eut le moindre soupçon de ces révolutions ; mais il n’est pas jusqu’au baron lui-même dont nous ne possédions une lettre, écrite en 1784 à Hiavy, son vassal supposé, dans laquelle il ne fait pas, et pour cause, la moindre allusion à sa royauté.

Il faut maintenant revenir aux documents fidèles, raconter la fin des aventures du héros.

Benyowszky avait obtenu des commissaires un congé pour se rendre aux îles et y rétablir sa santé compromise. Il demeura cependant à Louisbourg jusqu’à la fin de novembre ; mais alors, il se