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2 ou 3 brasses et large d’environ 200 toises. Les maisons, toutes de même forme, étaient bâties en bois et couvertes en écorce ou en jonc grossièrement tressé. La maison du gouverneur, en 1779, était beaucoup plus grande que les autres : elle était composée de trois pièces fort étendues, tapissées d’un joli papier ; mais les vitres des fenêtres étaient faites de plaques de talc. King ne fait monter le nombre des soldats et Cosaques qu’à 400 environ, répartis entre les cinq postes de Nichneï, Verchneï, Tigil, Bolsheretzk ou Petropaulovsky. La population indigène était même tombée au chiffre de 3,000 individus, la petite vérole ayant fait en 1767 plus de 20,000 victimes. Il vit au chef-lieu une caserne et quelques magasins, mais pas de forteresse, contrairement au récit de Benyowszky. Il n’y avait que 12 marchands de fourrures, formant une compagnie instituée par Catherine II ; les autres commerçants n’étaient que des Cosaques. On voit assez pour quelles raisons le baron grossit jusqu’à l’invraisemblance le chiffre de la population et le nombre des soldats, pourquoi il invente l’existence d’une forteresse et la munit même d’artillerie. Lorsqu’il fut amené à Bolsheretzk, il se trouva sous l’autorité d’un gouverneur qui passait pour très dur ; le sort déjà si pénible des bannis, fut, paraît-il, encore aggravé. Et pourtant quelle accablante destinée ! Dix ans plus tard, King en vit un, du nom d’Iwaskin, gentilhomme, qui avait été page de l’impératrice Elisabeth et enseigne aux gardes. Ce malheureux, à l’âge de 16 ans, avait reçu le knout et avait eu le nez fendu. Exilé au Kamtchatka depuis trente et un ans, il en avait passé vingt sans recevoir aucun secours de l’administration ; il avait vécu tout ce temps, à la manière des indigènes, du produit de sa chasse. « On remit à chacun des nouveaux venus, dit Benyowszky, un mousquet, une lance, des outils et quelques provisions, On leur permit de se bâtir dans le voisinage une hutte de laquelle il leur était interdit de s’éloigner sans autorisation : ils devaient par an à l’État une certaine quantité de fourrures. » Telle était la rude loi de l’exil.