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du chef gouvernée pacifiquement, selon leurs vues, en attendant qu’on eût reçu les ordres du roi.

Le baron répondit, le 2 octobre 1776, que celui qui tiendrait sa place était parfaitement capable de remplir sa mission et qu’il lui laisserait des instructions aussi précises que possible. Sur quoi les commissaires lui permirent de passer aux îles, par le premier vaisseau, pour y rétablir sa santé. Eux-mêmes, après avoir pourvu aux besoins des soldats pour l’année 1777 et laissé à Coquereau les fonds nécessaires, quittèrent la baie d’Antongil le 6 octobre 1776. Ils se rendirent à Foulepointe, y séjournèrent du 16 au 31 et partirent ce jour-là pour l’Inde. Leur rapport ne fut expédié que de Pondichéry, par les vaisseaux d’octobre 1777, car c’est seulement en mai 1778 que M. de Sartine prit une décision définitive. Nous pourrions arrêter là l’histoire de la tentative de colonisation faite par Benyowszky et relater brièvement les dernières aventures de sa vie, si nous n’avions à faire connaître la vérité sur la plus étrange et la plus célèbre de toutes celles qu’il s’attribue.

Dans ses Mémoires, il nous raconte qu’il fut reconnu comme descendant des anciens chefs malgaches et qu’il fut proclamé Ampansacabé, c’est-à-dire souverain seigneur, roi ou empereur de toute l’île.

C’est la fable la plus extraordinaire de cet écrit qui en contient tant, car au moins l’évasion de Bolsheretzk, le séjour à Madagascar sont-ils des événements réels, dont les détails seuls ont été falsifiés, tandis que de cette royauté rien n’exista jamais que dans l’imagination du conteur.

Nous ferons remarquer d’abord que la partie des Mémoires relative à l’expédition de Madagascar se retrouve en manuscrit dans les archives coloniales de France, sous ce titre : Manuscrit de M. Chevillard ; or, cette copie, contemporaine des faits, se termine simplement par la narration très exacte des événements qui viennent d’être rapportés : les mesures prises par les commissaires, la demande de congé