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soit par les achats que M. de Benyowszky a faits sur les lieux mêmes à des prix exorbitants. »

Quant aux fortifications, les commissaires examinèrent l’extrait du protocole du génie et d’autres comptes montant ensemble à 171,566 livres : ils trouvèrent qu’il en coûtait fort cher au roi pour quelques palissades fichées en terre, et rapprochées les unes des autres et pour quelques paillottes couvertes en feuilles.

Il n’y avait plus de commerce, mais Benyowszky accusait les administrateurs de l’île de France de l’avoir empêché d’en faire en refusant de lui fournir des marchandises. Or, il existait pour plus de 100,000 écus de factures de marchandises fournies à Louisbourg dont il ne rapportait pas la contre-partie. Il était certain que, dans ce domaine, il y avait eu aussi des abus considérables. Ainsi, on ne trouvait aucune pièce prouvant que le baron eût vendu du riz ou fait des envois à l’île de France pour le compte du roi. La frégate la Belle-Poule, venue à Madagascar pour apporter des secours aux colons, n’avait pu charger en retour que 6,000 livres de riz.

« Enfin, ajoutaient les commissaires, nous avons pu nous convaincre que la plupart des faits allégués par M. de Benyowszky, dans sa lettre au ministre du 20 mars 1775, portent entièrement à faux et que l’esprit de cette lettre ne peut qu’égarer et cacher toutes les vérités concernant Madagascar… M. de Benyowszky aurait bien mieux fait d’avouer tout naturellement que la guerre qu’il a été obligé de soutenir depuis son arrivée à Madagascar a été la véritable cause du peu de succès de la traite. Comment aurait-il pu la faire dans un temps où lui-même n’a pu se procurer la subsistance de sa troupe ? Et cependant, il est constant qu’il en avait laissé prendre 192,000 livres au sieur Bourdé, qui les lui a soldés en billets de monnaie, alors qu’il prétendait n’en avoir pas en magasin.

« Tandis que la lettre de M. de Boynes, seule et unique pièce d’où l’on puisse inférer les desseins du gouvernement, ne parle que d’un poste à créer à Madagascar, M. de Benyowszky s’est prétendu