Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

175,512 livres pour routes, bâtiments, frais de mission. La Pérouse, qui avait vu Foulepointe, Louisbourg et les postes voisins, dit que les bâtiments avaient pu coûter 40,000 livres et n’en valaient pas 10,000 lorsqu’il les vit. Mais ces majorations de dépenses qui furent faites par le baron pour masquer ses dilapidations et justifier ses demandes d’argent sont moins extraordinaires que l’excès d’impudence où il se porta en expédiant en France les plans de ses prétendus travaux. Ses ingénieurs, Gareau de Boispréaux et Rozières, n’étaient pas d’un grade à pouvoir résister à ses ordres. C’est lui qui les obligea de dessiner les plans séduisants d’aspect qui furent joints à ses dépêches et dont plusieurs figurent encore aux archives coloniales. On y voit portés et figurés comme en plein service tous ces chemins dont les dépenses sont inscrites au compte, mais dont les inspecteurs n’aperçurent aucune trace. Comme une partie de ces dépenses étaient supposées des derniers mois de 1775, il est certain qu’on eût trouvé quelques restes des ouvrages en septembre 1776, ils eussent été réellement faits. Mais deux routes ayant coûté 30,000 livres avaient totalement disparu. La ville de Louisbourg se composait de moins de cabanes qu’il n’en figure sur le plan, celle de la plaine de Santé n’avait de réalité que dans l’imagination du baron : il n’y avait jamais eu là qu’une bicoque. Ce qu’il nommait forteresse était une palissade ; ce qu’il nommait gouvernement n’était qu’une paillotte. Quand on lui demanda quelques éclaircissements sur ses dépenses et ses comptes, il répondit qu’il ne connaissait rien au commerce, ni aux finances, que toute l’administration avait été aux mains des gens envoyés de l’île de France par Maillart, et qu’il n’avait pas à répondre de leur gestion. Quant au trésorier Besse, cet ancien cocher déclara qu’il ne connaissait rien à ses fonctions ; ses livres n’étaient pas tenus ni en recette ni en dépense. Toutes les opérations parurent dans le chaos le plus parfait : « Nous sommes dans l’impossibilité, dirent Bellecombe et Chevreau, de statuer rien sur tout