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jusqu’au temps de la récolte, la famine devait durer : le mélange des Sambarives et des Antamaroas donnait des craintes de guerre, d’autant plus que les trois quarts des Antamaroas étaient encore errants dans les bois ; les chefs seuls étaient revenus, accompagnés d’un petit nombre de guerriers. C’est alors que Benyowszky voyant la famine régner autour de son établissement, voulut attaquer les Sakalaves et subsister à leurs dépens en attendant la récolte. Il marcha donc avec ses 80 hommes valides sur Manahar où il avait donné rendez-vous à tous les chefs alliés. Il menait avec lui son artillerie. Mais il attendit vainement : il ne fut joint que par 25 nègres. Les autres détruisirent leur riz, affamèrent la petite armée qui fut trop heureuse de pouvoir ramener ses canons à la baie. Il paraît que Hiavy, le roi de Foulepointe, avait fait dire aux autres chefs que s’ils se réunissaient aux Français, il les regarderait comme ses ennemis.

Les inspecteurs avaient convoqué dès leur arrivée les chefs des environs de la baie d’Antongil. Ceux-ci se rassemblèrent à Louisbourg le 30 septembre dans l’après-midi et Bellecombe tint un grand cabarre en présence de Benyowszky. Il y avait là Raoul, le principal chef de la région, ayant à lui une trentaine d’esclaves et une cinquantaine de bœufs, Mananding, chef du territoire de Louisbourg et de Port-Choiseul, propriétaire de 10 esclaves et de quelques bœufs et Dianmanou, l’un des plus riches, qui possédait 60 esclaves et autant de bœufs. Ils n’étaient que 7 en tout ; les autres, au nombre de 30 à 40, n’étaient pas là, soit qu’ils n’eussent pas été avertis, soit qu’ils n’eussent pas voulu venir. Bellecombe leur fit poser par les interprètes quelques questions :

« Étaient-ils satisfaits et contents de nous voir sur leurs terres ? »

Les chefs restèrent longtemps sans répondre, se regardant les uns les autres, et levant les yeux sur Benyowszky qui, de sa place, les observait : enfin, l’un d’eux se leva et dit qu’ils étaient fort aises de voir les Français et disposés à continuer avec eux le commerce