Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

compte devait être tenu exactement et envoyé en France tous les six mois.

Le 17 juillet 1775, une lettre commune adressée à MM. de Ternay et Maillart les avertit que Benyowszky était autorisé à correspondre directement avec le ministre, ce qui le rendait en pratique indépendant. Cette lettre annonçait de nouveaux ordres, mais sans en indiquer le sens. Une dépêche particulière à Maillart en date du 30 septembre le prévenait que les officiers d’administration pour Madagascar seraient choisis en France. Ainsi, à cette date, les dispositions favorables à Benyowszky persistaient dans les bureaux du ministère.

Le baron, de son côté, accusa réception le 2 juin 1776 d’une lettre de France du 17 juillet 1775, reçue seulement par duplicata le 28 mai 1776 ; probablement, la première expédition avait péri avec la Sirène, en janvier, devant le Fort-Dauphin. C’est par elle qu’il connut les instructions qui viennent d’être analysées. Il raconta de son côté ses nouveaux succès, prétendit que les chefs de toute l’île venaient faire juger par lui en dernier ressort toutes leurs affaires contentieuses et qu’il passait trois heures par jour en ces assises. Il confirma aussi l’occupation de 8 postes, se plaignit de Maillart et, ne comptant plus sur la corvette la Sirène dont le retard était trop significatif, il déclara attendre impatiemment les navires dont le ministre lui annonçait le départ de France pour la fin de 1775, et qui lui porteraient les ordres définitifs du roi. Il y avoue aussi incidemment qu’il a fait vendre des nègres au cap de Bonne-Espérance pour payer les frais d’envoi du Postillon : ce n’étaient sans doute pas les seuls. Mais les correspondances parties de l’île de France en juillet et août 1775, parvenues en France seulement vers la fin de l’année, décidèrent Sartine à faire faire une enquête. À ce moment, l’ami que le baron avait dans les bureaux proposait au ministre de laisser libre essor à son génie, de lui fournir 1 million et 600 colons. Sartine hésita et eut raison. Car les lettres reçues à la fin de 1775 étaient particulièrement précieuses et graves ; on avait