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sans obéissance, formaient une dizaine de corps errants, d’un effectif très faible. Benyowszky, en dépit des grades qu’il s’attribue, n’a pas marqué sa trace dans l’histoire des confédérés. Il est impossible d’accepter comme exacts les faits d’armes personnels dont il donne l’énumération et les détails, non sans commettre de graves erreurs, quand il mêle le récit de ses exploits à celui d’événements authentiques. On doit supposer qu’il exerça quelque commandement en sous-ordre dans les bandes de Czarneçky et de Pulawsky, sans jamais avoir rien accompli de remarquable. Fait prisonnier une première fois par les Russes, il racheta sa liberté pour 2,000 ducats. Repris dans un combat en Podolie, blessé de deux coups de sabre et d’un coup de mitraille, il fut transféré de Kief à Kazan et de là à Kalouga. C’était pendant l’été de 1769. Il paraît probable qu’il forma avec d’autres prisonniers un plan d’évasion ; il ne s’agissait de rien moins que de s’emparer de la place avec la complicité du commandant russe lui-même. Le complot fut découvert, le baron arrêté, conduit à Saint-Pétersbourg ; il raconte qu’il comparut là devant un ministre ; il nomme même Orlof et Czernicheff, peut-être pour se donner de l’importance. Ce serait là le motif pour lequel il fut déporté au Kamtchatka, d’où l’on ne revenait guère. C’est en décembre 1769 qu’il quitta Saint-Pétersbourg pour ce lointain et redoutable exil. On lui avait mis les fers aux pieds ; il n’avait d’autre bagage qu’une peau de mouton : mais, en même temps que lui partait un Suédois, le major Wymblath, plusieurs officiers russes, le lieutenant aux gardes Vassili Panov, le capitaine Hippolyte Stépanov et quelques autres encore, condamnés à finir leur vie en Sibérie, parmi lesquels il devait trouver des amis et des complices. Le convoi passa par Moscou, Nijni-Novgorod et parvint à Tobolsk vers la fin de janvier 1770. Les habitants de la ville, touchés de la détresse des bannis, firent pour eux une collecte qui produisit quelques centaines de roubles ; puis, la marche recommença, interminable. Ils passèrent par Krasnoiarsk, Iakoutsk et arrivèrent