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ne pas souffrir que le baron se mêlât en rien des dépenses et des magasins. À Ternay et à Maillart, il expliquait avec la dernière précision, dans une lettre commune, que le but de l’entreprise nouvelle était de remédier à la cherté des bœufs et des esclaves provenue de la liberté du commerce, de la concurrence des capitaines et de l’abus qui consistait à payer les indigènes en piastres. Il confirmait que l’expédition n’avait d’autre objet que la fondation d’un simple poste, que le chef était soumis à leur autorité, que si Benyowszky prétendait faire la conquête de l’île et y fonder une colonie, pour être la terreur de l’Asie, cela s’écartait de sa mission, et qu’il fallait s’en tenir au plan du gouvernement. C’était à eux d’y obliger Benyowszky.

Il est impossible que ces lettres aient été signées et soient tombées en rebut ; Turgot aura laissé le soin de les signer à son successeur ; cela n’aurait rien de surprenant, car si les minutes sont datées d’août, les expéditions n’étaient rédigées que vers l’époque où partaient les vaisseaux, c’est-à-dire en octobre.

En tout cas, il est absolument sûr qu’elles ne furent pas envoyées ; peut-être ne furent-elles jamais vues par Sartine. Ni lui ni personne n’y fait la moindre allusion. On doit supposer que ces dépêches ont dormi dans quelque tiroir d’où elles ont été exhumées au XIXe siècle, quand fut formé aux archives de la Marine le dossier de Madagascar.

M. de Sartine paraît n’avoir connu l’affaire que par les lettres de Benyowszky, de Ternay et de Maillart. Benyowszky expédia, le 1er septembre 1774, le cotre le ‘‘Postillon’’, avec ses rapports jusqu’à cette date. Sa correspondance et celle des administrateurs furent résumées fort exactement, comme il est facile de s’en assurer, pour l’instruction du ministre. L’employé qui faisait ce travail, qui devait être Auda, le premier commis, ou Dubuq, chef de bureau, fait suivre, quand il y a lieu, les lettres les plus significatives de quelques remarques qui témoignent de dispositions plus favorables à Benyowszky qu’à ses contradicteurs. C’est ainsi qu’à la lettre par laquelle, le 17 juin 1774, Ternay donne de mauvaises nouvelles de