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Cet entourage de pieux a de plus que le premier deux tourelles, aux deux angles de la façade de la mer, et la porte du fort qui est au milieu de la courtine est couverte par un petit fer à cheval de palissades à hauteur de 4 pieds. Toute la garnison de ce fort faible consiste en 1 officier et 1 volontaire, avec 6 ou 8 noirs, interprètes. On l’a réduite à mon départ à un seul homme, nommé Décolle, interprète.

« On peut élever par tout Madagascar une pareille fortification, avec ses bâtiments, pour la valeur de 400 à 500 piastres en n’employant que les gens du pays, à la faire parce qu’il n’y a que des pieux à planter sans avoir de terre à remuer et le bois est sous la main des travailleurs. Je vous observerai, monsieur, que, quand le commerce jouissait de la liberté qui lui convient, les vaisseaux particuliers enlevaient beaucoup de riz et d’esclaves qui s’importaient dans nos îles de France et de Bourbon. Aujourd’hui, aucun vaisseau du commerce n’ose se procurer cet avantage, puisque la traite du riz y serait interrompue par les guerres continuelles qui s’y entretiennent depuis la présence de nos troupes, dont le nombre cependant est fort petit, car, suivant ce qui m’a été dit par les sieurs Diard, la Broche et Dupuis, le tout ne va pas à 150 hommes blancs, tout compris, dont la plupart exténués par l’intempérie du climat, sans en excepter le baron lui-même, et desquels le nombre diminuera encore probablement, pendant la mauvaise saison qui commence. Les récoltes de riz sont beaucoup moindres et la disette règne de Tamatave à la pointe de la Rée. »

Tel était le récit d’un témoin oculaire au milieu de l’année 1775.

On voit qu’avec de pareils témoignages qui ne peuvent être révoqués en doute quand ils portent sur des points particuliers et précis, il était difficile à Ternay et à Maillart d’avoir bonne opinion des exploits et de la véracité de Benyowszky.

Les bureaux étant plus éloignés furent plus lents à se laisser convaincre et n’admirent pas facilement qu’ils eussent pu se tromper, dans leur choix.