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devant aveuglément accéder à toutes ses demandes, sans par lui rendre aucun compte et sans tolérer même qu’il en soit rendu ? »

Ainsi parlait avec une juste indignation cet intendant qui, depuis dix-huit mois, avait payé 1,200,000 livres et n’avait pu encore obtenir ni un reçu ni un compte de dépense (9 juillet 1775). Que dut-il penser lorsque, au mois d’octobre de cette année 1775, il reçut le procès-verbal d’une réunion tenue par les officiers du corps des Volontaires le 25 septembre précédent ? Étaient présents M. le baron de Benyowszky, colonel du corps des Volontaires de son nom, commandant général de Madagascar, 9 officiers, le trésorier Besse. Le baron exposait que, le voyant malade, les officiers avaient voulu tenir une assemblée pour savoir quels ordres ils auraient à suivre en cas de malheur. Il y avait assisté et leur avait fait un discours dans lequel, à son ordinaire, il s’était plaint de la prétendue trahison de Maillart et de l’abandon où on les laissait de propos délibéré. Il s’était ensuite retiré.

Que pouvaient faire des officiers à qui leur colonel ne donnait pour éclaircissements que des plaintes et des récriminations ? Ils se déclarèrent pénétrés de douleur en apprenant, qu’en récompense de ses soins et de son zèle, on s’efforçait de ternir sa réputation par des impostures et la plus noire calomnie. Ils offrirent de faire eux-mêmes une masse commune de fonds pour l’avancer au trésorier. Ils ouvrirent l’avis, si l’on en croit Benyowszky, d’adresser à l’île de France une sommation au nom du roi pour obtenir des secours en hommes, en argent et en marchandises. Et pourtant les officiers avaient dû toucher par le vaisseau le Conquérant, dans les premiers jours du mois, des secours personnels, dont le chef accusa réception à Ternay par sa lettre du 20 octobre, mais dont il ne paraît pas avoir dit mot aux destinataires, puisqu’ils n’y font pas la moindre allusion. Il sut bien par contre envoyer copie de la délibération extorquée à ses officiers aux administrateurs de l’île de France en l’accompagnant d’une sommation personnelle rédigée en termes violents : « Je