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la colonie le canton des Saphirobays ; il leur persuada qu’en se révoltant contre le baron ils feraient une chose agréable au gouvernement de l’île de France. « Je crus, raconte Benyowszky, qu’il était enfin temps de prendre une résolution ferme et définitive. J’assemblai les officiers du corps à qui j’expliquai le fait : après leur avoir expliqué la conduite du sieur des Assises, je leur demandai ce qu’ils croyaient prudent de faire. Leur opinion étant d’accord avec la mienne, j’ordonnai qu’on le mît aux arrêts et M. Aumont fut chargé de le remplacer. » Cela se passait, paraît-il, le 19 décembre. Dix jours après, l’ordonnateur avouait publiquement que toutes ses paroles et tous ses actes avaient été inspirés par une faction de l’île de France, dont le gouvernement était jaloux de la prospérité où s’élevait l’établissement de Madagascar sous le commandement du baron ; quant à lui, il ne s’était comporté ainsi que pour gagner les bonnes grâces de M. Maillart. Cet acte de repentir valut au coupable sa mise en liberté et Benyowszky laissa cet homme dangereux, comme il le nomme, reprendre ses fonctions. Il ne les garda toutefois, d’après les Mémoires, que jusqu’au 8 février 1775, date à laquelle il aurait été, sur sa demande, relevé de ses fonctions.

Malheureusement pour le narrateur, il n’y a pas un mot de vrai dans ce récit. Nous possédons les lettres échangées par Benyowszky et le sieur des Assises depuis le mois d’octobre 1774 jusqu’au mois de février 1775. Il en existe du baron, écrites de la Plaine-de-Santé, en date du 30 septembre, des 5, 10, 15, 18, 24 et 26 octobre : elles sont toutes extrêmement cordiales. Il charge des Assises d’acheter pour son compte au chevalier Grenier, commandant la Belle-Poule, deux Mozambiques qui savent sonner du cor, « car, dit-il, sa plus grande privation est de ne pas avoir de musique ». Il paraît qu’il fut malade au cours du mois de novembre : il ne quitta pas la Plaine, mais cette correspondance continua régulièrement, sans qu’on y trouve la moindre allusion au moindre désaccord. Le ton des lettres du baron est toujours amical, parfois familier, les