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On doit observer que ces avis, d’ailleurs conformes à l’idée que tout le monde, sauf Benyowszky, s’était faite de l’établissement nouveau, conformes aussi à la règle d’économie que l’état du Trésor imposait, étaient formulés non comme des ordres mais comme des conseils. Ternay n’affectait aucune supériorité et les réflexions que son expérience et sa connaissance du pays lui inspiraient n’avaient rien qui pût froisser l’homme le plus ombrageux. On voit aussi par cette correspondance que, du mois de février au mois d’août 1774, quatre navires avaient été envoyés à la baie d’Antongil, chargés de marchandises et de provisions pour la colonie nouvelle. Ainsi, les administrateurs de l’île de France n’avaient pas de parti-pris négligé de la secourir. Il faut insister pourtant sur ce point : l’intendant Maillart-Dumesle, dès l’origine, fut accusé par Benyowszky, avec la dernière violence, d’avoir mis obstacle à l’exécution de son projet et de lui avoir marqué de l’inimitié. L’unique motif de ces attaques fut son refus motivé de délivrer aucune somme d’argent sans justification de la dépense. Il est certain que Maillart, comme la plupart des fonctionnaires de l’île de France, n’approuvait pas le plan que l’on prêtait au ministre ; il est probable qu’il ne s’en cacha pas et que ces conversations rapportées au baron irritèrent violemment sa vanité. Ayant reçu de lui des lettres très acerbes, Maillart finit par répondre qu’il n’enverrait aucun ordonnateur puisque Benyowszky ne voulait pas de celui qu’il avait désigné et qu’il lui laisserait la responsabilité de toutes les dépenses. On ne peut pas le considérer après ces démêlés comme un partisan bien zélé du chef de l’expédition, mais cela ne prouve pas qu’il ait été capable de lui nuire volontairement. Benyowszky partit donc avec une pauvre intendance : il avait un simple garde-magasin, appelé Senaut, faisant fonction de chef, avec lui un sieur Pruneau, commis de traite et un écrivain appelé Rollin. Mais Senaut, déjà malade au moment du départ, mourut quelques jours après être arrivé à Louisbourg. Le sieur Pruneau n’entendait rien aux fonctions qu’il fut obligé d’assumer et l’écrivain