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Réflexions sur la traite

sans et superbes, ils eurent besoin d’augmenter leurs territoires, et ils s’emparèrent des demeures de leurs voisins, faibles et peu nombreux. Ces malheureux, privés de leur subsistance, et chassés de leur retraite, s’enfuyaient au gré de leurs chefs. Mais lorsqu’ils étaient sans ressource, ils se soumettaient à leurs tyrans, et perdaient pour toujours leur liberté. Aussi quand ils couraient de grands dangers et qu’ils ne trouvaient aucun appui, ils se vendaient eux-mêmes pour esclaves, au prix qu’on voulait bien leur accorder. Les infortunés ! ils ne pouvaient choisir un meilleur sort ! — Bientôt les acheteurs d’esclaves formèrent entr’eux des associations, firent tomber les hommes sans secours, dans leurs pièges, les forcèrent à se vendre, et à confier leur existence à d’autres voleurs qui les achetaient, Car sont les hommes qui achètent