tiles ! J’ai été porté par des malheurs extrêmes, à des malheurs plus affreux encore ; j’ai été enlevé d’un état d’innocence et de liberté, et transporte d’une maniere cruelle et barbare à un état d’horreur et d’esclavage. Ma situation se conçoit plus aisément qu’elle ne se décrit. Les pensées affligeantes qui m’accablèrent dès que je fus conduit à la factorerie, et que par la voie injuste et ordinaire du trafic des Nègres, j’ai été fixé à la Grenade, agitent toujours mon cœur. Depuis long-tems la source de mes craintes et de mes larmes est tarie ; mais je ne puis, sans frémir, penser que des voleurs inhumains et des colons impitoyables ont fait éprouver de semblables et de plus grands maux à des milliers d’hommes, et que plusieurs Nègres ressentent à présent des douleurs qu’aucune langue ne peut exprimer. Les cris de la misère se font entendre au loin ;
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et l’esclavage des Nègres.
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