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Réflexions sur la traite

casa ; le roi d’Agimaque, de ma situation. En quittant ces parages ; nous aurions préféré la mort à la vie. Nous fîmes le projet de brûler le vaisseau, et de périr tous ensemble dans les flammes ; mais nous fûmes trahis par une de nos compatriotes, qui couchait dans la chambre de quelques-uns des chefs du navire. Des jeunes gens et des femmes essayaient de mettre le feu au vaisseau ; aux applaudissemens, et aux gémissemens des uns et des autres, mais ils étaient découverts, et leur action occasionna une scène sanglante et cruelle.

Il est inutile de décrire les traitemens que l’on nous fit éprouver alors. La barbarie des marchands de Nègres est connue !

Il suffit de dire que j’ai été perdu pour mes chers et indulgens parens, pour mes amis, et qu’eux tous ont été perdus pour moi. Des cris et des pleurs ont été mes seuls appuis ; appuis inutiles !