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Réflexions sur la traite

proie ; mais à peine étions-nous au milieu de la journée que nous vîmes arriver une grande multitude de peuple, jouant de divers instrumens ; leur musique, leurs danses et leurs singeries nous firent beaucoup de plaisir. Cependant le soir nous étions persuadés que nous ne serions pas en vie le jour suivant, Lorsque le tems de se coucher arriva, on nous envoya dans les maisons de différens particuliers. Le lendemain je demandai où étaient mes guides, et mes compagnons, on me dit qu’ils étaient allés porter, à une habitation située sur la côte de la mer, du rhum, des fusils et de la poudre. Je soupçonnai quelque perfidie ; je perdis l’espérance de retourner chez mon oncle, et je refusai, pendant plusieurs jours, de boire et de manger. Enfin, le maître de la maison m’ayant promis de faire tous ses efforts pour me renvoyer chez mon oncle, je mangeai des