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Réflexions sur la traite

s’échappèrent des mains de ceux qui les liaient, et sautèrent dans la mer ; l’un d’eux fut sauvé par des cordes que lui tendirent les matelots d’un vaisseau qui le voyait lutter contre la mort. Mais ce qui achève de caractériser les commercans de Nègres, c’est que le barbare meurtrier de tant d’innocens, reclama son esclave ; vainement cependant, puisque les juges rejettèrent sa demande.

Ainsi la vie d’un Afriquain n’est d’aucun prix ; nous sommes des proyes que les chasseurs prennent dans les déserts, et des bêtes que l’on tue à volonté. Si nous accusons les Européens ; quels maux ne nous ont-ils pas faits ? Comment nous ont-ils traités ? Le sang d’un million de Nègres ne crie-t-il pas contre eux ? Si nous accusons les Anglais ; peuvent-ils se justifier ? Comment le peuple le plus éclairé