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Réflexions sur la traite

entre leurs bras, les filles leurs mères. Les pères, les mères, les enfans demandent, en sanglotant, à n’être jamais séparés. Le mari prie pour sa femme, la mère pour ses enfans. Leurs gémissemens adouciraient des monstres, mais les colons sont insensibles. Les épouses sont arrachées avec violence des bras de leurs maris. Infortunés Afriquains ; nous avons quitté pour toujours nos patries, nos amis, nos parens. — Les esclaves sont-ils livrés à leurs tyrans, les pères, les mères, pressent leurs enfans contre leur sein, les baignent de larmes. Il ne leur est pas permis de pleurer long-tems ; l’oppresseur les enlève ; ils perdent tout, jusqu’à espérance de se revoir. Quelle consolation pourrait adoucir leur mauvais sort ? quelques-uns mènent une vie languissante, et semblent ne respirer que parce qu’ils ont formé des liaisons avec leurs compagnons d’in-