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On craint que les Japonais fusionnent avec les Chi­nois, les modernisent, en fassent des « citoyens » et ne deviennent ainsi la première puissance du monde.

C’est ce qu’on appelle le Péril jaune, péril dont nous démontrerons la puérilité.

Or, comme la Grèce civilisa le Latium ; comme les Arabes civilisèrent l’Andalousie ; comme l’Espagne civilisa l’Amérique latine et l’Europe les États-Unis ; comme l’Angleterre civilisa l’Australie : le Japon, lui aussi, mais fraternellement, veut civiliser la Chine, pour qu’à son tour la Chine, alliée du Japon, soit une nation riche et forte, heureuse dans l’indépendance politique et la liberté sociale.

Voilà la vraie et splendide cause du conflit qui, par la faute de la Russie, ensanglante la terre où bouil­lonne le ferment de toutes les races.

La Russie combat non pas pour conserver son rang de grande puissance, mais pour acquérir, pour domi­ner, pour truster — qu’on nous pardonne ce néolo­gisme — des territoires, des soldats et de la main-d’œuvre.

Le Japon combat autant pour son existence écono­mique extérieure que pour l’affranchissement de la race jaune.

À laquelle des deux nations un esprit libre accor­dera-t-il ses vœux, si ce n’est au Japon, au « petit » Japon qui s’est mis au travers de la route sanglante tracée par la grande Russie ?