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fondra sur l’empire anglais des Indes. L’Asie ne sera plus qu’une province russe : l’Europe n’aura qu’à bien se tenir.

Et l’on feint de ne pas comprendre le facteur bien humain qui détermina le Japon à ne pas tolérer plus longtemps les envahissements de la Russie !

Oui, certes, la lutte qui met aux prises un peuple de race jaune confie un peuple hybride, bien plus asiatique qu’européen, la lutte a un caractère grandiose — de la part du Japon.

D’un côté, nous le répétons, domination despotique, Russie ; de l’autre, relèvement social, Japon. Lequel des deux peuples est le champion de la civilisation ?

Car, il nous faut bien admettre que, depuis la guerre sino-japonaise — que termina le fallacieux traité de Simonoséki, imposé au Japon par la Russie — et le dépouillait, au profit de cette dernière puissance, du fruit de ses victoires — Japonais et Chinois ne nourrissent aucun sentiment de haine ou de jalousie les uns à l’égard des autres.

M. Edmond Théry, qui n’est pas suspect de tendresse pour la race jaune, l’exposait fort bien dans un article « le Péril jaune », son dada favori, dont nous parlerons tout à l’heure :

Les Japonais n’ont pas préparé la guerre de 1894 dans le secret espoir de s’emparer de la Chine, comme les nations européennes l’ont fait pour leurs colonies : leur désir était en apparence plus modeste : Maîtres de la Corée, qui ne se trouve qu’à 200 kilomètres de leurs côtes et de la presqu’île du Leaotong, qui commande, avec Port-Arthur, le golfe du Petchili, ils pouvaient espérer prendre la direction politique