Page:Croze - Péril jaune et Japon, 1904.pdf/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —

veraineté intégrale de la Chine. De plus, comme la Russie avait dépensé des sommes énormes pour le chemin de fer dans celle province, le Japon — qui, au reste, n’avait aucune arrière-pensée de s’annexer ce territoire — ne s’opposait nullement à ce que la Russie y maintint les troupes nécessaires à la protection de sa voie ferrée. Enfin, le Japon avait garanti, bien avant l’envoi de ses dernières notes à la Russie, la neutralité de la Chine.

Pendant ces négociations, la Russie concentrait ses troupes et avançait sur le territoire coréen au-delà du Yalou, nous le verrons plus loin.

Telles furent les causes diplomatiques et immédiates du conflit.

Il est d’autres causes plus vastes.

Le privilège du marché de l’Extrême-Orient.

Privilège considéré :

par la Russie, comme fins de sa politique en Extrême-Orient :

par le Japon, comme facteur de ce terme — la réno­vation de l’Asie.

Pour la Russie : accroissement fantastique de terri­toire et de richesses ; possibilité de dominer toutes les nations par la puissance économique et militaire.

Pour le Japon : expansion économique ; accession au rang de grande puissance : et, par lui, restauration, modernisation si l’on veut, de la Chine.

D’un côté, domination despotique : de l’autre, relè­vement social. Lequel des deux peuples est le cham­pion de la civilisation ?