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NOCTURNE
ELLE

Le rossignol se plaint dans la ramure noire.
Je t’ai donné mon corps, et mon âme, et ma gloire.

Les arbres élancés sont noirs sur le ciel vert.
Vois cette fleur qui meurt dans mon corsage ouvert

Le vent est parfumé ce soir comme de l’ambre.
Tu sais qu’on a trouvé ton poignard dans ma chambre.

Embrasse-moi. La lune a des teintes de sang.
Mon père est mort, dit-on, hier en me maudissant.