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L’aurore étend ses bras roses autour du ciel.
On sent la rose, on sent le thym, on sent le miel.

La brise chaude, humide avec des odeurs vagues,
Souffle de la mer bleue où moutonnent les vagues.

Et la mer bleue arrive au milieu des coteaux ;
Son flot soumis amène ici mille bateaux :

Vaisseaux de l’Orient, surchargés d’aromates,
Chalands pleins de maïs, de citrons, de tomates,

Felouques apportant les ballots de Cachmir,
Tartanes où l’on voit des Levantins dormir.

Les trésors scintillants de l’Inde et de la Chine
Passent, voilés par la vapeur de la machine :

C’est le nacre, l’ivoire, et la soie et le thé,
Le thé nectar suave et chaste volupté ;

Nacre, ivoire fouillés en forêts de la lune,
Saules, pêchers en fleur sur faille bleue et brune.