Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourquoi il ne poursuivait pas Borchère.

— C’est inutile ; s’il a pris votre lettre de crédit, c’est qu’il a l’intention d’aller à Brownsville. Je le retrouverai là.

— je vous y prends : une déduction.

— Oui, mais une déduction fondée sur un fait certain : le vol de votre lettre par un voleur connu.

— Je suis enchanté, du reste, puisqu’ainsi nous allons faire ensemble le reste de la traversée. Et puis…

— Et puis ?

— Je vais là-bas pour commencer une étude des procédés de la police américaine et faire une enquête quant au régime des maisons de détention et des pénitenciers de Long-Island. Je serais vraiment heureux si vous pouvez me piloter…

— C’est entendu. Comptez sur moi.

Les deux amis rencontrèrent au port le patron du canot de la malle.

— Vous rentrez à bord ?

— Oui, messieurs, en même temps que vous.

— Et votre passager de ce matin ?

— Monsieur de Borchère ? J’ai une lettre de lui pour le capitaine. Il se sentait vraiment trop malade pour reprendre la mer avec le Gladiateur, et il demande qu’on lui renvoie ses malles ici à la première occasion.

— Il compte donc rester à Lisbonne ?

Et Marius regardait Stockton.

— Je vous répondrai quand j’aurai vu ses malles, répliqua le détective.

Tous deux remontèrent dans leur canot.

Peu après ils abordaient le Gladiateur.

Le capitaine lut la lettre du comte ; puis :

— Au fait, voyons donc ses malles.

Celle de la cabine contenait un smoking et quelques chemises, une paire de souliers vernis, deux paires de chaussettes et quelques ustensiles de toilette.

Quant aux malles, descendues dans la cale, elles étaient remplies de vieux journaux et de pierres, pour donner du poids ! En redemandant ses malles, Borchère avait plastronné jusqu’au bout.

— Vous voyez, dit Stockton à Marius, voilà ma réponse.



Naturellement, tous les passagers ne s’entretenaient que du vol commis dans la cabine des Roseti.

Ceux-ci allaient de mieux en mieux et avaient confirmé ce qu’avait dit leur femme de chambre, mais au grand étonnement du capitaine, accouru pour apporter ses condoléances à propos de ce vol colossal, madame Roseti parut assez indifférente quant à la perte de ses diamants.

— Faut-il que vous soyez riche tout de même pour rester ainsi insensible à une perle pareille, ne put-il s’empêcher de dire à Roseti. Il y avait, pour autant que je m’y connaisse, au moins pour cinq cent mille francs de bijoux !

— Vous voulez dire deux à trois mille francs, mon cher capitaine !

— Deux à trois mille francs ?

— Mais oui ! Me croyez-vous assez bête pour permettre à ma femme de porter ses bijoux en voyage ? Ceux-ci étaient faux. Une admirable imitation, c’est vrai, mais une imitation et pas autre chose ! Les vrais sont dans mon coffre-fort à Buenos-Ayres.

— Mais alors, s’écria Marius, quand Stockton, mis au courant par le ca-