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été mystérieusement voir à la porte si personne ne pouvait écouter, s’assit lui-même à son bureau.

— Voici, cher Monsieur, pourquoi je vous ai fait demander. Nous sommes, comme vous le savez certainement, sur le point de perdre de vue les côtes d’Europe, et je viens, en réponse au marconigramme, par lequel je signalais « Rien de nouveau », de recevoir celui-ci :

Et le captiaine Maugard tendait à Marius un papier sur lequel était écrit :

« Attention. Avez à bord chef bande internationale voleurs paquebot ».

— Naturellement, mon premier mouvement a été de vous prévenir. En votre qualité de détective, de haut policier chargé de mission par le gouvernement, vous devez avoir plus qu’un autre le flair indispensable pour la découverte et la chasse d’un pareil gibier !

— Sans doute, mais ne vous donne-t-on aucun autre renseignement ?

— Non. J’ai demandé le signalement de ce bandit de grande envergure, mais aucune réponse ne m’est parvenue.

— Vos soupçons se sont-ils arrêtés sur quelqu’un ?

— Je n’ai aucun soupçon.

— La première chose à faire, ce serait en consultant la liste des passagers, de voir ceux qui peuvent, sous un prétexte ou sous un autre, être mis en suspicion.

— En effet, c’est simple.

Le capitaine appuya sur un bouton électrique. Le stewart entra.

— Apportez-moi le livre des passagers et priez Monsieur le capitaine en second de venir me parler.

— J’ai, quant à moi, des soupçons, reprit Marius.

— Ah, vraiment ! Et qui ?

— Je vous le dirai quand nous aurons terminé notre examen du livre de bord. Je crois qu’il confirmera mes déductions.

À ce moment le second du navire, Monsieur Lartigue, entra dans la cabine, suivi du stewart, portant le livre des passagers.

— Vous m’avez fait demander, commandant ?

— Oui, Monsieur Lartigue. Vous connaissiez déjà Monsieur Marius Boulard ?

— Sans doute.

— Mais ce que vous ne savez pas, c’est que Monsieur Boulard est un haut fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur, recommandé tout spécialement par le ministre, et chargé par le gouvernement d’une mission de police a l’étranger : en ce moment aux États-Unis.

— Tous mes compliments. Monsieur. Tous mes compliments !

— Or, voici la dépêche que vient de me transmettre la télégraphie sans fil.

Et le capitaine tendit à son subordonné le papier qu’il avait déjà montré à Marius.

— Diable ! c’est ennuyeux, fit le capitaine en second. Et on n’a ajouté aucune autre recommandation ?

— Aucune.

— On ne vous donne pas l’ordre d’arrêter quelqu’un ?

— Non, et il me paraît évident que je ne dois sévir qu’au cas où des actes répréhensibles se produiraient pendant la traversée.

— S’en est-il produit déjà ?

— Aucun que je sache.

— Je disais au capitaine, intervint Marius, qui tenait à son idée, que la première chose à faire, selon moi, était