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Chapitre V

OÙ MARIUS SE FAIT COUPER LES CHEVEUX ET VOLER SA MONTRE


Vaucaire était radieux. Quant à Marius, il avait l’air tellement ahuri que son ami ne put le regarder sans, aussitôt, éclater de rire.

— Qu’est-ce que tu as, mon vieux Marius ! On dirait que tu viens de tomber d’un cinquième étage sur la tête !

— C’est que c’est un peu cela ! Je n’en reviens pas encore de ton adresse, de ton aplomb !

— Avec mon oncle, c’est trop facile, il m’aime tellement qu’il prend pour parole d’Évangile tout ce que je lui dis. Et puis, il sait que je ne lui demanderai jamais rien qui ne soit honnête et en somme à son avantage.

— C’est égal, me faire passer pour un détective…

— Tu ne l’es pas encore, mais tu vas l’être, c’est la même chose. Et puis, es-tu sûr d’être incapable de remplir la mission qui t’est confiée ?

— Dame, je…

— Je te connais mieux que tu ne te connais toi-même. Tu es honnête, sérieux et travailleur. Qu’est-ce qu’il faut de plus ? Tu raconteras simplement, fidèlement, ce que tu vas observer : qu’est-ce qu’un autre pourrait faire de mieux ? En y réfléchissant même, il est préférable de ne pas envoyer pour cette mission un homme du métier. Il jugerait, donnerait ses appréciations, préconiserait son système ; toi, tu nous donneras une photographie exacte de ce que tu auras vu, cela vaudra mieux, et je ferai pour toi une chose que je ne ferais pour personne…

— Laquelle ?

— Je lirai ton rapport !

— S’il n’y a que toi qui le lises, cela ira encore.

— Et s’il est bien, je le fais publier à l’Imprimerie Nationale ! Mais tu permets ?

Et Vaucaire sonna.

— Monsieur le chef du cabinet a sonné ?

— Oui, Dumont. Voulez-vous dire au secrétaire général, pardon, à monsieur le secrétaire général, que le ministre le fait demander. Puis voulez-vous prier monsieur Lacombe de venir à mon bureau ?

— Bien, monsieur.

— Dis-moi, et Marius se levait, je ne te dérange pas au moins ?

— Pas du tout. Rassieds-toi. Du reste, ta présence est nécessaire Tu ne