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moin de Ketty avec l’agent de change Obrig.

Mistress Trubblett seule n’était pas complètement joyeuse ! Sa fille en effet rentrait en France après son mariage et elle perdait l’espérance de voir Ketty épouser un pair d’Angleterre, comme cela serait indubitablement arrivé, répétait-elle, à qui voulait l’entendre, si elle n’avait pas rencontré sur sa route Marius !

Le bon Méridional, dont la joie était sans mélange et qui voulait tout le monde heureux autour de lui, lui proposa de venir habiter Paris, mais mistress Trubblett avait ses habitudes, ses amis à Brownsville, et heureusement pour Boulard, elle ne voulut pas les quitter.

Une autre bonne fortune — un bonheur ne vient jamais seul — échut à Marius et arrangea tout. Weld et miss Cecil s’étant mariés, tout Brownsville avait défilé dans les salons du banquier.

Or, dans le salon d’honneur, sur un chevalet, le portrait, resplendissant de vérité, de grâce et de charme de la jeune mariée, attira l’attention de tous. On s’informa.

Quand on sut que le distingué détective Boulard était en même temps le peintre de talent qui avait signé cette œuvre remarquable, ce fut à qui voudrait être portraituré par lui.

Comme il commença par refuser toute commande, ou plutôt tout engagement, l’engouement devint de la fureur : il fut obligé d’accepter de faire une vingtaine de portraits pour le moins, et la vogue fut d’autant plus grande qu’il demanda des prix plus élevés.

Il dut s’engager à revenir aussitôt son voyage de noces terminé, car lorsqu’il partit pour le continent, il avait accepté pour plus de cent mille dollars de portraits, ébauchés déjà pour la plupart.

Aussi avait-il acheté à son ami Weld un superbe terrain, et les fondations de l’hôtel avec atelier qu’il faisait construire pour venir passer quelques mois tous les ans à Brownsville, sortaient-elles déjà de terre.

Parmi tous les présents de noces dont Ketty et lui furent comblés par Srockton, Obrig, le général Kendall et surtout monsieur et madame Georges Weld, il reçut le matin même de son mariage « un joli cadeau à faire à un Méridional ».

Comme sa fiancée mettait la dernière main à sa toilette avant de partir pour la cérémonie, le banquier lui apporta de la part de Vaucaire, un petit écrin en maroquin noir arrivé ce matin même de Paris et un journal.

Marius resta interloqué.

« Un joli cadeau à faire à un Méridional », disait la carte de visite de son ami.

Qu’est-ce que cela pouvait bien être ?

Il n’y put tenir davantage. Il ouvrit l’écrin. Sur un petit coussin de soie, il y avait une décoration.

Ketty pendant ce temps avait déplié le journal.

C’était « Le Journal Officiel de la République Française ».

Quelques lignes encadrées d’un vigoureux trait au crayon bleu attirèrent ses regards.

Elle lut.

PAR PROMOTION SPÉCIALE

Dans l’ordre de la Légion d’Honneur :

Est nommé Chevalier :

M. Boulard Marius-Arsène, chargé de mission à l’étranger, pour services exceptionnels.


FIN