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Se penchant sur la rampe de l’escalier :

— Stoop… appela Suttner.

— Monsieur le juge ?

— Laissez sortir tout le monde, la porte est libre maintenant.

— Bien, monsieur.

Suttner regarda autour de lui :

Cecil s’était rapprochée aimablement de Ketty et de sa mère et causait avec elles. Weld se dirigeait vers son cabinet et ils y entrèrent ensemble.

Le général Kendall et son secrétaire, installés au bureau de Jarvis, compulsaient les papiers si heureusement retrouvés.

Obrig, Marius et Stockton rétablissaient l’ordre dans la chambre-forte ; l’ouvrage tirait à sa fin.

— Eh bien ! Weld, vous voilà tiré d’affaire, avec, ce qui n’est pas à dédaigner, un accroissement de fortune d’une vingtaine de millions. Félicitations, mon cher.

Et l’agent de change venait au banquier, les mains tendues.

— Vingt millions, vous croyez ?

— Au moins ! Je vous fais une proposition : vous m’abandonnez votre gain et je vous garantis vingt millions nets !

— Il m’en resterait donc dix-neuf.

— Comment cela ?

— Vous oubliez que j’ai une dette sacrée,

— Laquelle ?

— J’ai promis deux cent mille dollars à celui qui ouvrirait la porte de la chambre-forte avant demain matin.

— C’est vrai !

Weld s’assit à son bureau, prit dans son tiroir-caisse un carnet de chèques et remplit les blancs de deux d’entre eux.

— Monsieur Boulard !

— Cher monsieur ?

Et Marius apparaissait sur le seuil de la chambre-forte.

— Je ne vous ai pas remercié, ni vous, ni monsieur Stockton, et cependant, que ne vous dois-je pas ?

— Vous ne me devez rien, monsieur Weld, répondit le détective en venant à lui, j’ai agi d’après ma conscience. Si vous aviez été coupable — je l’ai cru un instant, je dois l’avouer — j’aurais poursuivi la recherche de la vérité avec la même ténacité et la même insouciance des sympathies que je pouvais ressentir.

— Aussi ne vous remercié-je pas d’avoir fait votre devoir, mais suis-je heureux de vous féliciter de votre perspicacité. Puis, vous avez perdu toute une journée et presque toute une nuit, cela vaut un dédommagement. Voulez-vous me permettre de vous offrir ce chèque et mon amitié, dit Weld vivement, voyant que Stockton esquissait un mouvement de refus.

— L’un ne va pas sans l’autre ? demanda le détective en riant.

— Non, et vous voilà obligé d’accepter tout le lot.

— Alors, j’accepte avec reconnaissance.

Et Stockton, prenant le chèque de la main gauche, serrait vigoureusement de la droite la main que lui tendait le banquier.

— Quant à vous, mon cher monsieur Boulard, ce n’est pas un cadeau que j’ai à vous faire…

— Je…

— C’est une dette que j’ai à vous payer.

— Mais…

— Quelques minutes avant que vous n’entriez ce soir à la banque, je venais de promettre une prime à celui