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gence, comme je persiste à crier mon innocence, vous allez vous retirer de moi ! Mais c’est fou, c’est fou, vous dis-je ! Si j’avais tué quelqu’un, dans une seconde d’égarement, hésiterais-je à l’avouer : si j’avais dû agir en justicier, pour protéger, pour défendre par exemple les millions, les secrets qui m’ont été confiés, ne m’absoudriez-vous pas, et ne pourrais-je pas, ne devrais-je pas me vanter hautement de mon crime ? Vous dites vous-mêmes que si j’ai commis ce meurtre, je suis peut-être excusable, que j’ai droit sans doute à votre pité : je refuse cette pitié que vous m’offrez et je réclame votre seule justice dans ce qu’elle a de plus strict et de plus rigoureux ! Si vous croyez que j’ai tué, arrêtez-moi, faites-moi juger, faites-moi condamner ; mais les mains dans les menottes, devant mes juges, devant le bourreau, je continuerai à crier : je suis innocent de ce meurtre, je n’ai pas tué Jarvis !

Et le malheureux se tournait vainement vers Suttner, vers Kendall, cherchant à rencontrer leurs regards, mais tous se détournaient de lui, implacables.

Comme, accablé, désespéré, Weld s’écroulait sur un fauteuil, cachant son visage dans ses mains, il sentit que quelqu’un le touchait à l’épaule ; il regarda, miss Cécil était près de lui.

Et moi, Georges, je vous crois, dit-elle. L’homme à qui j’ai donné mon cœur peut être capable d’un crime, il est incapable de mentir. Relevez la tête, mon bien-aimé, je vous crois, car je vous aime toujours !

— Cécil, rugit Kendall furieux, je vous défends !…

— Eh bien ! que se passe-il donc, dit une voix railleuse et calme. On vous entend crier de la rue !

Tous se tournèrent vers l’arrivant qui paraissait à ce moment sur les dernières marches de l’escalier du haut.

C’était Stockton.