Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

distinguer à l’oreille le bruit que fait chaque bouton du mécanisme en passant devant l’encoche intérieure, il espère ainsi arriver à reconnaître, au son, chaque lettre de la combinaison.

— Il n’arrivera à rien.

— Il prétend que si. Il a, paraît-il, déjà réussi plusieurs fois ce genre de travail.

— Je sais. Il n’arrivera à rien avec un coffre du modèle de celui que nous avons devant nous.

— Comment cela.

— Précisément, cette particularité sur laquelle se base Selders pour arriver à découvrir la combinaison qui régit l’ouverture de la chambre forte, constitue un défaut dans la défense de celle-ci. Ce qu’un ouvrier d’élite peut faire, un cambrioleur adroit, qui n’est à l’ordinaire qu’un bon ouvrier qui a mal tourné, peut le recommencer, dès lors, l’ancien système de commande du mécanisme ne valait rien, il fallait trouver mieux, nous avons cherché et trouvé. Eh oui, c’est Selders qui sans le savoir, nous a mis en garde. Le coffre que voici est d’un modèle tout récent. Je défie quiconque de distinguer, même au microphone, une différence quelconque de son, si le bouton touche ou ne touche pas l’encoche intérieure. Nous avons fait cent fois l’expérience. Selders perd son temps.

— Que faire alors ?

— Vous en rapporter à moi, tout simplement. Ce sera peut-être long et difficile.

— Ne perdez pas de temps en ce cas.

— Eh bien ! Selders, dit Stephenson en pénétrant dans le bureau, êtes-vous arrivé à entendre quelque chose ?

— Non, rien absolument, monsieur, et j’y renonce !

— Vous voyez, dit l’ingénieur à Suttner resté sur la porte.

— Nous allons donc essayer avec nos outils, reprit Croker. Allons, à la besogne !

Et ouvrant ses sacs, il commença par faire un choix parmi ceux qu’il avait apportés.

— Allons-nous tout de suite faire usage de la lampe, monsieur ? demanda Lublin.

— Non. Nous allons d’abord essayer de percer la tôle de la porte afin de pouvoir manœuvrer les vis de l’intérieur.

— Bon. Vous savez, monsieur Croker, qu’il y a une prime de trois mille dollars à gagner si la porte est ouverte cette nuit ?

— Alors pas de bavardages inutiles et dépêchons.

— Restez là, Horner, si vous n’êtes pas trop fatigué…

— Soyez tranquille, monsieur Suttner.

— Veillez à ce que rien ne soit dérangé dans ce bureau ; cela peut être important.

— On fera attention, monsieur.

Suttner laissa retomber la porte et revint dans le salon d’attente. Weld et Cécil gardaient la même anxieuse immobilité ; quant au général, il était tombé sur un fauteuil et paraissait désespéré.

— C’est étonnant que monsieur Stockton et Boulard ne soient pas encore revenus.

— On ouvre la porte de la rue… dit Weld.

— Ce sont eux probablement

— Non, c’est Obrig, dit le général qui de sa place, était le mieux placé pour voir les arrivants.