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— Il ne croit pas.

— Vraiment ?

— Il ne peut cependant se prononcer avant que ses ouvriers et lui aient examiné les boutons des lettres et la serrure.

— Bon. Et vous, Weld, avez-vous réfléchi. Vous n’avez rien de nouveau à me communiquer ?

— Hélas, Suttner, les deux heures qui viennent de s’écouler ont été terribles pour moi.

— Ah !…

— Je ne sais pas si je dois ou non souhaiter l’ouverture de ce coffre.

— En vérité.

— Si on a tué Jarvis pour voler, avec ou sans la complicité de Jeffries…

— Vous croyez Jeffries coupable ?

— On croit bien que je suis coupable, moi-même !

— C’est vrai. Du reste on peut tout supposer.

— Eh bien, si on a tué pour voler, et si on a pris dans le coffre les millions et les papiers qu’il renfermait, je suis plus perdu que si j’étais vraiment coupable du meurtre de mon vieil ami.

Suttner regarda Weld fixement :

— Qu’y avait-il donc exactement là dedans ?

— En plus des fonds de roulement de la banque et de mes livres de commerce, il devrait y avoir dans cette chambre dix-huit millions et les papiers relatifs à la mobilisation qui m’ont été confiés par le général Kendall.

— Diable !

— Oui, un tas de choses auxquelles je n’avais pas songé me sont revenues en mémoire. J’ai essayé de déduire des faits eux-mêmes, un peu de vérité. Cette affaire est terriblement mystérieuse. Et cependant maintenant elle me paraît extrêmement simple. Une bande de malfaiteurs ou d’agents Mexicains connaissaient la valeur et l’importance de ce dépôt. Ils ont résolu de s’en emparer coûte que coûte. Ces gens-là sont d’une tranquille et froide audace. Ils ont préparé ce vol de longue main. Ils ont acheté les complices qu’il leur fallait. Ils ont réussi.

— Cela ne vous semble pas bien romanesque ?

— Mais cela s’est vu, n’est-ce pas ? N’avez-vous point lu déjà, des faits pareils dans les journaux ?

Évidemment, il nous a été donné, dans la réalité de voir des choses en réalité plus extraordinaires et plus romanesques. Je crois cependant, sincèrement, Weld, que cette fois vous faites fausse route… et que vous voulez me faire faire fausse route.

— Suttner !

— Je sais ce que je dis, en tous cas, je vous conseille de garder ces suppositions pour vous et de ne pas en faire part au général. Vous pourriez l’exaspérer à la pensée de ce qui peut se produire au cas où vos craintes se réaliseraient, et sanguin comme il l’est, vous risqueriez de le tuer.

— Mais pourquoi, Suttner, avez-vous dit que je veux vous tromper ?

— Weld !

— Mais je vous jure que je suis innocent ! Je le jure sur la tête de mon père et vous qui l’avez connu Suttner, vous savez comme il m’aimait.

— Je ne sais plus où j’en suis Weld, non, en vérité, je ne le sais plus. Moi aussi, j’ai beaucoup réfléchi depuis que je vous ai quitté ; dégagé des circonstances environnantes, de l’ambiance qui vous étreint ici, j’ai vu de plus haut, de plus loin, si vous voulez. Eh bien, entre nous, je ne puis croire que l’homme que j’ai connu enfant, que j’ai aimé d’une véritable