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la porte ouverte et pendant qu’il occupait l’attention de Jarvis, l’inconnu passé derrière lui, le frappait à la gorge avec…

Oui, en définitive, avec quoi ?

L’idée du grattoir lui traversa l’esprit, mais quelle apparence y avait-il que quelqu’un eut pu s’en emparer sur le bureau, sans que Jarvis ne s’en fut aperçu.

Cependant, on avait frappé celui-ci avec un couteau, un couteau-poignard et cette arme avait disparu.

Elle eut constitué une preuve, donné un indice, mais rien.

Rien !

Et ce n’était pas tout, si on avait tué, c’était pour voler assurément. Les malfaiteurs devaient être au courant de l’importance des sommes contenues dans le coffre.

Avait-on volé ?

On avait trouvé Jarvis mort, près de la porte refermée de la chambre blindée.

Mais n’était-ce pas le fait d’une habile mise en scène, faite pour dérouter pendant quelques heures les soupçons de la justice.

Lorsqu’il avait quitté le bureau, le coffre-fort était ouvert.

Qui l’avait refermé ?

Qui ?

L’assassin ou Jarvis ?

Mais si on avait volé, et tout portait à croire qu’il devait en être ainsi, c’était pour lui la ruine complète. N’était-il pas responsable des fonds déposés dans sa banque. Toute sa fortune ne suffirait pas à combler le déficit. Qu’allait-il devenir, même si son innocence était prouvée ?

Vainement il essaya de continuer ses déductions, ses idées se brouillaient…

La ruine ! La ruine !

Ces deux mots, comme un glas, sonnaient à ses oreilles.

La ruine !

Puis ses pensées se reportèrent sur miss Cécil !

Elle aussi était perdue pour lui. Il le sentait. Non qu’à l’heure actuelle elle l’aimât moins peut-être, mais il était certain que plus jamais le général ne donnerait suite à leur projet de mariage.

Déjà, il lui avait reproché, il ne savait quelle histoire de jeu à la Bourse, histoire à laquelle il n’avait rien compris, et ne s’était-il pas emporté en apprenant qu’il ignorait le mot de la serrure du coffre, ne l’avait-il pas accusé de légèreté !

Et pourtant s’il allait entraîner dans sa ruine, sans qu’il y fut de sa faute, le général Kendall !

Comme lui, le général était responsable, vis-à-vis de son gouvernement, des millions qu’il lui avait confiés !

Qu’allait-on trouver dans le coffre ouvert ?

Que restait-il des millions appartenant à l’État ?

Et encore ceux-ci, s’ils avaient été volés, pourrait-on, en vendant tout, arriver à en reconstituer une partie, mais, et à ce moment, une idée épouvantable lui traversa l’esprit. Si les malfaiteurs s’étaient emparés en même temps que des papiers du général Kendall, des documents secrets relatifs à la mobilisation ?

Weld sentit un froid glacial se glisser dans ses veines.

À cela, il n’avait pas songé !

Décidément le malheur s’acharnait sur lui.

Tout à coup, comme dans un éclair, il revit la figure à peine entrevue du passant qui l’avait heurté, du passant