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trois fonctionnaires pour en remplacer un.

— Tu vois juste. Cela nous fait donc, avec le même budget, une dizaine de nominations à faire. En étant adroit, je puis écouter une quarantaine de solliciteurs et contenter, grâce aux mutations, avancement, etc., etc., autant de députés. Le bruit de l’achèvement de ce travail est déjà, par nos amis, répandu dans les couloirs de la Chambre, de façon qu’en y ajoutant l’annonce d’un envoi de missions, si quelque mécontent interpelle, j’ai ma réponse et ma majorité toute prête.

— Admirablement manœuvré.

— Là-dessus, je te quitte. Pense à me dénicher quelqu’un d’adroit pour la mission.

— C’est entendu.

— Aussitôt la séance finie, je rentre au ministère. Tu y seras ?

— Je ne bouge pas avant que tu ne sois revenu.

Le ministre parti, Vaucaire sirota son café, et un peu remonté des fatigues de sa soirée de la veille, descendit à son bureau.

L’important Dumont se précipita au coup de sonnette qui annonçait l’arrivée de Monsieur le chef du cabinet particulier du ministre, et raide, impassible, attendit ses ordres.

Vaucaire se détira, et allumant une cigarette :

— Y a-t-il beaucoup de monde dans la salle d’attente ?

— Une seule personne, monsieur le chef du cabinet. Le bruit d’une interpellation à la Chambre s’est répandu, et les cinq ou six députés qui attendaient sont partis. Vous ne perdrez rien pour attendre, ils reviendront demain matin.

— Quelle est la personne qui attend ?

— Monsieur Marius Boulard.

— Ah ! ce brave Marius. Faites-le entrer.

— À la minute, monsieur le chef du cabinet.

Et toujours grave, toujours solennel, Dumont introduisit et annonça :

Monsieur Marius Boulard.