Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

QUATRIÈME PARTIE

Une vieille connaissance


Chapitre Ier

AU « CARLTON BROWNSVILLE BAR »


Le « Carlton Brownsville Bar » a l’immémoriale réputation d’être l’endroit le plus gai de Brownsville. C’est incontestablement un établissement de grande allure. Quand on en a dépassé la porte monumentale qui s’ouvre sur New Road, la plus belle avenue de la ville nouvelle, on traverse un vestibule entièrement en marbres de couleurs différentes, venus à grands frais d’Italie ou d’Espagne. Les constructeurs du Brownsville Bar avaient sacrifié à leur goût du colossal et du somptueux, goût bien américain du reste, en élevant le luxueux palais où la belle compagnie de Brownsville se réunissait pour sabler joyeusement le champagne. Des salons splendidement décorés, un jardin d’hiver rempli des plantes les plus rares, une magnifique salle de fêtes, une salle de restaurant, digne d’un monarque et un nombre considérable de petits salons meublés avec un goût parfait, en composent l’intérieur.

C’est au rez-de-chaussée que se trouve le « Bar », ou plutôt que se trouvent les Bars, car il y en a plusieurs, où se pressent dans la journée les consommateurs des races les plus diverses.

Des comptoirs d’un marbre pareil à celui qui décore les murs et le sol de chaque salle sont desservis par des barmen en veste blanche, habiles à préparer les cocktails les plus variés et les breuvages les plus violents : tous savent la science difficile et méticuleuse de doser les différents ingrédients qui composent ces apéritifs ou ces digestifs chers aux gosiers éprouvés d’une clientèle entre toutes exi-