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— Je ne me suis même pas assis, monsieur, car j’étais impatient de voir arriver Henderson.

— Vous avez juré de dire la vérité, Jeffries.

— Et je jure l’avoir dite, monsieur.

— C’est bien. Je vous remercie.

Les trois employés sortis, Marius continua : Il n’y a donc aucun doute possible, monsieur Weld est entré dans cette pièce avec une valise qui ne se retrouve pas, pas plus que le grattoir qui, j’en ai la conviction, a servi à commettre le crime. Eh bien ! la valise et le grattoir ont été cachés dans cette pièce, et dans le même endroit, par l’assassin.

Et comme Horner regardait autour de lui :

— Inutile de chercher dans des tiroirs, où du reste une valise n’aurait pu entrer. Ces deux objets doivent nécessairement se trouver dans la seule cachette assez grande pour les contenir. Dans le coffre-fort !

— L’assassin y est peut-être aussi, dit en riant Stockton.

— Pourquoi pas ?

— Allons, mon cher Boulard, vous voulez rire.

— Je ris si peu que j’offre à monsieur Weld la seule chance qu’il ait de prouver son innocence. Vous avez demandé que le général Kendall soit présent à l’ouverture de votre chambre forte : le général est présent. Prenez ces clefs, elles constituaient une charge contre vous, elles vont vous permettre de vous disculper, cher monsieur ; ouvrez-la cette porte. Derrière ces parois d’acier, nous trouverons, j’en suis convaincu, votre justification.

— Peste, vous allez bien, dit Stockton.

— Voyons, commença Suttner.

Weld prit le trousseau. Il marcha résolument vers le coffre et introduisit la clef dans la serrure. Tous les assistants, à cette scène, étaient suspendus à ses mouvements. Toutefois pour qui eut regardé à ce moment Stockton, aurait vu errer sur ses lèvres un vague sourire.

Weld tourna la clef. Aucun déclic intérieur ne se produisit. Étonné, il mit en mouvement les boutons commandant les combinaisons intérieures. On entendit un grincement sec. La clef refusa de tourner.

Weld sentit une sueur froide l’envahir. Le matin même, avec cette clef et la même combinaison de lettres, il avait ouvert le coffre.

Qu’était-ce à dire ?

Il vérifia une fois encore, puis :

— Jarvis a dû changer le mot avant d’être tué, s’écria-t-il.

— Comment Weld, demanda Suttner, vous ne connaissez pas le mot de votre coffre-fort ?

— Je le connaissais ce matin encore. Cependant, si je ne puis ouvrir le coffre maintenant, c’est que la combinaison en a été modifiée. Jarvis en a changé les lettres. On a travaillé au coffre aujourd’hui. Un instant il fut question entre nous d’user d’un mot nouveau pour ouvrir notre chambre blindée, Jarvis aura par mesure de précaution donné suite à ce projet dès que les ouvriers auront été partis.

— Vraiment, Weld, vous jouez de malheur, avouez-le, c’est franchement inconcevable ce que la fatalité, décidément s’acharne sur vous, ajouta Suttner en appuyant sur les derniers mots d’une façon ironiquement significative.

— Frappez donc sur le coffre-fort ; si l’assassin y est, il nous répondra, dit ironiquement Stockton.