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tous cas, je suis heureux d’avoir agi ainsi. Et même, ajouta-t-il en se parlant à lui-même…

— Et même quoi ?

— Rien, ou plutôt…

— Quoi donc ?

— Je vous demanderai de me laisser quelques minutes de réflexion…

— À votre aise. Ce sont toutes les questions que vous aviez à poser, Stockton ?

— Non. Je vous prie de me permettre d’interroger encore cet homme.

— Faites.

— Donc, il est prouvé — et c’est un fait acquis — que ce billet de cent dollars a pu être donné par monsieur Weld à… comment vous appelez-vous ?

— Rosenthal, Otto Rosenthal…

— Vous êtes sûr ?

— Mais oui, dit le chauffeur en pâlissant.

— Eh bien, je crois, moi, que vous vous trompez…

— Monsieur…

— Ou que vous essayez de nous tromper.

— Mais…

— Vous continuez à affirmer que vous vous appelez vraiment Otto Rosenthal.

— Non, monsieur, répondit l’homme en hésitant.

— N’est-ce pas ? Vous n’oseriez pas l’affirmer. Du reste, ces papiers que je viens de prendre dans votre voiture et qui étaient avec votre permis de conduire et les papiers de police relatifs à l’auto, portent votre véritable nom.

— Oui, monsieur.

— Vous vous appelez donc ?

— John Erie Walter.

— Ah ! Pourquoi nous aviez-vous donné un faux nom ?

— Mais, monsieur…

— Je vais vous en dire la raison.

— Monsieur, je vous supplie…

— C’est, parce que sous le nom de John Erie Walter, qui est, je crois, votre nom véritable, vous avez été condamné à cinq ans de prison pour complicité de vol.

— Mais j’étais innocent, monsieur.

— Je n’ai pas à discuter une sentence rendue. Et en tous cas, si les débats de l’affaire de vol où vous avez été compromis n’ont pu établir de façon indubitable que vous aviez volé vous-même, il fut constant que vous fréquentiez habituellement les voleurs et que vous aviez pour maîtresse la femme qui prépara le vol.

— C’est vrai, monsieur, mais j’ai fait ma peine et…

— Vous avez même été grâcié au bout de trois ans et demi, en récompense de votre bonne conduite dans l’établissement pénitentiaire. Vous voyez que je dis tout, le bon comme le mauvais. Qu’avez-vous fait depuis votre sortie de prison ?

— J’ai vainement cherché du travail à New-York, monsieur, alors comme je parlais un peu l’espagnol, je suis venu ici pour me perfectionner dans cette langue et aller ensuite au Mexique où personne ne pourra me reprocher mon passé.

— Soit. Je regrette d’avoir été obligé de le rappeler ici, et je demanderai à tous les assistants de l’oublier désormais, cependant je devais le faire. Il peut paraître tellement étrange qu’un homme condamné pour vol rapporte de l’argent qu’il pourrait s’approprier sans danger, presque sans scrupule, que je devais éclairer sur ce