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? — K. Z. W. R. — 13

Weld et Dieu m’est témoin que je désire me convaincre de votre innocence, mais je constate un fait, pas autre chose. Donnez-moi une explication claire de celui-ci, je ne demande pas mieux que de vous croire.

Pendant que Weld, perdant pied, cherchait un encouragement dans les yeux de Marius, qu’il sentait plein de sympathie pour lui, Stockton et Suttner échangeaient quelques observations.

Suttner reprit la parole :

— Monsieur Stockton vient d’établir que vous avez pu vous seul fermer du dehors cette porte au verrou, cependant laissons pour le moment cette circonstance de côté et arrivons-en à votre trousseau de clefs retrouvé miraculeusement sur le tiroir. Vous dites que ce trousseau vous a été volé. Voulez-vous vous rappeler dans quelles circonstances ?

— Volontiers. Comme je vous l’ai dit déjà, je quittais la banque, agacé par l’idée d’être en retard. Je cherchais un automobile de louage et tout naturellement j’étais sur le trottoir regardant au loin. À ce moment, je fus assez violemment bousculé par un passant qui s’excusa et continua rapidement son chemin. J’eus — pourquoi je n’en sais rien — la sensation que je venais d’être volé et tout aussitôt je regardai si j’avais encore ma montre et mon portefeuille. Voyant que j’avais l’une et l’autre, je crus faire erreur et comme à ce moment je vis arriver un auto, je le hélai et montai dans la voiture.

— Pardon, dans quelle poche était votre trousseau ?

— Dans la poche droite de mon pardessus.

— Dans la poche extérieure droite ?

— Oui.

— Singulier endroit pour mettre des clefs si importantes !

— En effet, mais au moment où je sortais de la pièce où nous sommes, je fus averti par Henderson que j’oubliais mes clefs sur mon tiroir. Je les pris et pressé, ennuyé d’être retenu par Obrig, je les mis machinalement dans la poche de mon paletot. Je suis sûr que c’est la poche droite, parce que je me rappelle cette sensation d’avoir touché de la main mon mouchoir qui se trouvait dans cette poche.

— Si vous admettez une corrélation quelconque entre le meurtre et le vol de vos clefs, vous admettez donc que votre voleur savait dans quelle poche étaient ces clefs.

— Je n’admets rien et ne cherche pas à vous donner l’explication de ce qui s’est passé. Je rappelle mes souvenirs et vous les expose, voilà tout. Sans doute, si on en voulait spécialement à mes clefs, le choc dont je me souviens a-t-il permis au voleur de s’apercevoir de la poche où elles étaient.

— Pardon, si j’interviens, dit Marius, mais vous dites que vos clefs étaient dans la même poche que votre mouchoir. Vous a-t-on volé aussi ce dernier ?

— Je ne saurais vous le dire, mais il est facile de vérifier. J’ai enlevé mon pardessus en entrant ici et il se trouve sur cette chaise.

— Il n’y a absolument rien dans vos poches, dit Suttner après avoir vérifié.

— Donc, dit Marius, on vous a volé en même temps vos clefs et votre mouchoir. Cela explique que vous ne vous soyez pas aperçu du vol.

— Je ne comprends pas ?

— Si le voleur avait pris seulement vos clefs, elles auraient pu cliqueter