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? — K. Z. W. R. — 13

ne savons pas quels sont les individus qui sont entrés ici pendant que Jeffries gardait la porte, c’est-à-dire de trois heures moins quelques minutes à trois heures et demie, dit Stockton. Rappelez-vous que le crime a été perpétré à trois heures dix environ.

À cet instant précis la porte du bureau s’ouvrit et miss Cecil, le général Roland Kendall et mistress Kendall firent irruption :

— Que me dit-on, mon cher Weld, commença le général, Jarvis est assassiné ?

— Ah ! vous voilà, s’écria miss Cecil en allant à son fiancé. Je ne vivais plus, ne sachant exactement ce qui se passait.

— Vous êtes ici, Suttner ; vous allez nous happer vivement ce misérable assassin.

Et le général serrait la main du juge.

— J’ai peur que nous ayons du mal, répondit celui-ci, après avoir échangé un rapide regard avec Stockon.

— Si vous saviez par quelles angoisses j’ai passé, depuis trois heures. Me faire attendre ainsi.

— Voyons, Cecil, la cause de son retard est assez grave pour que tu ne puisses lui en vouloir…

— Mais, ma tante, je ne lui en veux pas…

— Mistress Kendall, le drame que nous cherchons à éclaircir n’est pas cause du retard de monsieur Weld.

— Comment ?

— Weld vous dira, comme il nous l’a du reste expliqué, continua Suttner, que son retard est dû uniquement à une panne fortuite de l’automobile qu’il avait pris pour aller à Kendall House. Il ne connaît que depuis un instant la mort de Jarvis.

— Quoi, s’écria Mad, paraissant parler avec étourderie, une panne qui a duré plus d’une heure. Ah ! mon pauvre cher ami, vous avez dû regretter de ne pas avoir accepté mon invitation. Je vous ai offert de vous conduire près de miss Cecil dans ma voiture. Voilà, mon cher, où mène l’obstination.

Et Mad eut un petit rire sec.

— Comment, Weld, mistress Kendall vous avait proposé de vous emmener à Kendall House dans son auto, et vous avez refusé, préférant prendre un auto de louage ?

— Oui.

— Pour quelle raison ? interrogea Suttner.

— Parce que…

Georges ne pouvait, en galant homme, redire devant tout ce monde, qu’après leur conversation du matin, il ne voulait pas se trouver seul avec Mad : il s’arrêta donc, mais tout à coup, en voyant tous les yeux se fixer sur lui, interrogateurs, en sentant que le soupçon entrait dans la pensée de ceux qui l’entouraient, et planait sur lui.

— Ah ça ! s’écria-t-il, est-ce que je deviens fou, est-ce que je me trompe : me croiriez-vous coupable de cet abominable forfait ?

Personne ne répondait ; seule miss Cecil avait fait un mouvement pour aller à lui…

— Voyons, Suttner, nous nous connaissons depuis de longues années, comment pouvez-vous… ?

— Mais, Weld, je ne vous accuse pas, personne ici ne vous soupçonne, vous seul…

— Voyons, voyons, parlons net ! Soyez franc avec moi, je vous le demande au nom de notre vieille amitié. J’ai senti tout à l’heure comme un froid de glace m’envahir : c’est que