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ma montre et mon portefeuille, on ne m’avait pas volé. Je n’ai pensé à mes clefs que plus tard, comme je vous l’ai dit.

— Mais alors, votre voleur pourrait être l’assassin de Jarvis ?

— Au fait, c’est possible, et vous avez peut-être raison, Stockton, répondit Suttner. Voila une supposition plausible.

— Ce n’est en tout cas qu’une supposition absolument gratuite et je n’entends pas par là donner une indication.

À ce moment, les acteurs de cette scène étaient groupés entre les deux bureaux, Stockton faisant face à Weld, Suttner et Horner au milieu d’eux, Henderson se trouvait de l’autre côté du bureau de Jarvis, près du fauteuil de ce dernier.

Quant à Marius, il s’était assis entre le mur et le bureau du banquier, près du siège habituel de Weld. Ses yeux, quand il fut fait mention du trousseau de clefs, se portèrent involontairement sur le tiroir où le banquier avait pris les deux cents dollars qu’il lui avait prêtés ; il crut rêver : le trousseau était là !

Il pensa d’abord que c’était le trousseau de Jarvis, mais celui-là se trouvait sur la table même du bureau, parmi les pièces à conviction, à la place où Stockton l’avait posé.

— Je vous demande pardon, dit-il, de me mêler de ce qui ne me regarde pas ; je suis ici pour assister à une enquête et non pour donner mon avis, mais outre que monsieur Weld m’est très sympathique et que mon intervention peut confirmer ses dires, je crois de mon devoir de vous communiquer toutes les remarques faites par moi.

— Parlez, je vous en prie, répondit Suttner en se tournant vers lui.

— Eh bien, vous êtes sûr, continua Marius en s’adressant à Henderson, que monsieur Weld a emporté ses clefs ?

— Oui, absolument sûr.

— De combien de clefs se compose votre trousseau, monsieur Weld ?

— De quatre clefs : celles qui ouvrent le coffre, le verrou de sûreté de cette porte, mon tiroir-caisse et enfin la porte de mon domicile particulier.

— Et vous croyez que ce trousseau vous a été volé ?

— Il m’a été volé ou je l’ai perdu.

— En ce cas, le voleur est entré dans ce bureau, car voici le trousseau sur ce tiroir…

Tous firent le même mouvement : Weld se précipita, regarda.

— Ce sont évidemment mes clefs ! s’écria-t-il.

Et ouvrant le tiroir :

— On a volé le portefeuille dans lequel je mets l’argent destiné à mes besoins personnels. Ce portefeuille contenait aussi mes papiers d’identité !

Ainsi donc, conclut Stockton, il se confirme que votre voleur a pénétré ici…

— Et de là à conclure que votre voleur et l’assassin de Jarvis sont le même individu, il n’y a qu’un pas. Est-ce votre avis, Stockton ? demanda Marius.

— Eh là, mon cher ami, n’allons pas si vite et surtout ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il me paraît prouvé que la personne qui avait en sa possession les clefs que voici est entrée dans ce bureau, voilà tout. Pour le reste…

— Mais ce ne peut être que celui qui m’a volé…

— Sans doute, acquiesça Suttner.

— Mais jusqu’à présent personne ne peut être soupçonné, puisque nous