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n’est plus seul. Ils sont deux, ils parlent :

— Vous êtes sûr de ne pas l’avoir vu sortir ?

— J’ai quitté ma loge pendant quelques minutes à peine, Jeffries était encore là quand je suis revenu. Si monsieur Jarvis était sorti, Jeffries me l’aurait dit à mon retour.

— C’est juste, il est peut-être arrivé un malheur.

Henderson, avec sa clef, frappa à coups redoublés sur le bois de la porte.

— Monsieur Jarvis, monsieur Jarvis…

— Il ne répond toujours pas.

— Il n’y a pas à hésiter, enfonçons la porte…

— Vous en parlez à votre aise ! Elle est solide.

— Je vais aller chercher un levier et d’autres outils.

— Allez vite, le malheureux a peut-être besoin de soins…

Mon, il n’a plus besoin de secours, Monsieur Jarvis : son cadavre, est là, effrayant, avec le sourire de victoire à jamais sur les lèvres.

Les bruits extérieurs ne lui parviennent plus. Sur le plastron à peine fripé de la chemise, sur la large cravate blanche que le fondé de pouvoirs porte été comme hiver, de larges gouttes de sang achèvent de se coaguler…

Et le cadavre sourit toujours, énigmatique et comme satisfait.

Un craquement… c’est Henderson et le portier qui après avoir introduit un levier sous la porte, essaient de la soulever.

Efforts inutiles…

Ils recommencent, sans succès !

Comme l’a dit Henderson tout à l’heure, la porte, en cœur de chêne, est d’une solidité à toute épreuve.

Tout dans ce bureau a été construit, prévu, pour qu’on ne puisse y pénétrer de force.

— Pas moyen !

— Si au moins la porte était à deux vantaux, on pourrait introduire la pince entre les battants, mais…

— Enfonçons un panneau.

— C’est le seul moyen.

— Donnez-moi la pince.

Des coups sourds retentissent, d’abord espacés, puis plus violents : le bruit devient effroyable, répercuté par les échos de la vaste maison de banque.

Enfin, d’un coup plus violent, le panneau a cédé. Il est sorti brisé de la bordure : deux ou trois coups mieux assénés encore et il tombe à l’intérieur du bureau.

Henderson passe sa tête par l’ouverture.

D’abord, il ne voit rien.

La chaise renversée lui cache le corps.

Puis, tout à coup, il voit, et vite se glisse à travers le trou béant dans la porte ; il va au cadavre, le regarde, se rend compte qu’il n’y a rien à faire, il court à la porte, ouvre le verrou et attirant dans le bureau le portier de la banque, Halsinger :

— Regardez là ! Monsieur Jarvis, mort !

— Il s’est tué ?

— Sans doute, puisqu’il est seul, enfermé.

— Vous êtes sûr que tout est fini ?…

— Sûr ! le cœur ne bat plus, et voyez l’horrible blessure, à la gorge.

— Voyons toujours…

— Inutile, je vous dis. Il faut laisser tout en l’état jusqu’à l’arrivée de la police.