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Je r’luque une plac’ près d’la portière
Oùsqu’y traînait un pardessus :
Un’ bonne aubain’ pour not’ derrière !
Avec Hortense j’m’assieds d’ssus.
Un bourgeois survient, qui m’engueule :
— Gard’ ton tapis !
Que j’crie en tirant mon brûl’-gueule…
Et j’rends l’fourbis.

Mais croyez-vous qu’il a l’audace
D’vouloir me fair’ descendr’ sur l’quai,
M’disant qu’il a r’tenu la place :
— Plus qu’moi, bourgeois, t’as pas casqué !
C’train-là, c’est c’lui du prolétaire.
De quoi qu’tu t’ plains ?
Pas d’ privilège, ici ! Faut faire
Comm’ les copains !

Le train siffle. Nous v’là en route !
Arthur a peur qu’ça dur’ longtemps :
— Patience ! on va casser un’ croûte,
Pour fair’ passer plus vit’ le temps.
J’ dégote l’panier à Hortense,
J’ tir’ l’saucisson :
— Tiens ! Arthur, voilà ta pitance !
Pass’ la boisson !