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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


Ces Chrestomathies prenaient quelquefois la forme de véritables cours élémentaires de littérature ; telle par exemple la Χρηστομάθεια γραμματιϰή (Chrêstomatheia grammatikê) de Proclos. La personne de l’auteur est aujourd’hui encore un sujet de discussion, les uns l’identifiant au philosophe platonicien du ve siècle dont nous parlerons plus loin, les autres à divers grammairiens du même nom[1]. L’ouvrage lui-même nous est connu par une notice de Photius (cod. 239), qui en a analysé quelques parties, et par un petit nombre de fragments[2]. Il comprenait quatre livres ; les divers genres littéraires y étaient distingués et définis, puis l’histoire de ces genres était passée en revue dans une série de notices biographiques et d’analyses, qui faisaient connaître les grands écrivains et leurs œuvres. Les comptes-rendus de Photius et les fragments conservés se rapportent aux deux premiers livres, qui traitaient, de l’Épopée, de l’Élégie, de l’Iambe, de la Poésie lyrique ; notre connaissance du cycle épique provient en grande partie de là. Mais quelle que soit pour nous la valeur de ces débris, l’ouvrage ne dénote que de l’instruction et de l’exactitude sans la moindre critique personnelle.

  1. Photius nomme l’auteur sans en rien dire. Suidas, Πρόϰλος (Proklos) attribue la Chrestomathie au philosophe néoplatonicien ; de même, le scoliaste de Grégoire de Nazianze (Patrol. gr., Migne, 36, 914, c). C’était la tradition byzantine. Welcker, Ep. Cyclus, I, p. 3 et II, p. 508, a contesté cette attribution, et son opinion a été généralement adoptée depuis lors, peut-être sans raison suffisante. Eutychius Proculus de Sikka, maître de Marc-Aurèle, auquel il l’attribuait, était un grammairien latin, et non un Grec (Capitol., Marcus, 2). Les autres attributions sont tout à fait arbitraires ou incertaines. Wilamowitz (Phil. Unters., VII, 330) revient à la tradition byzantine, et Christ (Gesch. d. Griech. Liter., § 374) incline vers son opinion.
  2. Procli Chrestomathiæ grammaticæ fragmenta dans les Scriptores metrici græci, t. I, de Westphal (Bibl. Teubner). Outre les extraits de Photius, ce volume contient quelques fragments du même ouvrage tirés de deux mss. de l’Iliade (Venetus, 484 et Escorialensis).